Grippe : un nouvel antiviral réduit la transmission intrafamiliale

La grippe saisonnière est une menace de santé publique, responsable d'environ 650 000 décès annuels dans le monde. Si la vaccination reste centrale, le rôle potentiel des antiviraux dans la réduction de la transmission du virus est à explorer. Des essais randomisés contrôlés sur le traitement précoce avec le baloxavir, comparé à l'oseltamivir ou à un placebo, ont montré que l'efficacité d'une dose unique de baloxavir était similaire à celle de l'oseltamivir pris deux fois par jour pendant 5 jours pour réduire le délai d'atténuation des symptômes grippaux chez les adolescents et les adultes, y compris ceux à risque accru de complications liées à la grippe.

L'étude multicentrique randomisée de phase 3b CENTERSTONE, publiée dans le New England Journal of Medicine, a évalué l’efficacité d’une dose unique orale de baloxavir marboxil pour réduire la transmission du virus influenza à partir d’un patient index vers ses contacts familiaux. L'incidence ajustée de la transmission confirmée du virus est significativement moindre avec baloxavir qu'avec placebo à J5 (9,5% vs 13,4% ; OR ajusté = 0,68 [IC à 95%, 0,50-0,93] ; p = 0,01), correspondant à une réduction relative ajustée du risque de 29%.

La transmission ayant entraîné des symptômes cliniques peu modifiée

Les concentrations virales dans les voies respiratoires supérieures sont significativement plus faibles avec le baloxavir qu'avec l'oseltamivir ou le placebo dès 24 heures après le traitement dans des études antérieures, un résultat conforme à son mécanisme d'action qui inhibe la réplication virale.

Les autres résultats montrent cependant que la transmission ayant entraîné des symptômes cliniques à J5 est moindre avec baloxavir, bien que non significativement différente du placebo (5,8 % vs 7,6 % ; OR ajusté = 0,75 [IC à 95%, 0,50-1,12] ; p = 0,16). La résistance virale au baloxavir, observée chez 7,2 % des patients index traités, n’a pas été détectée chez leurs contacts familiaux. La tolérance du traitement s’est avérée satisfaisante, sans nouveaux signaux d'alerte.

Des stratégies générale encore à mettre au point

Les résultats proviennent de l’essai CENTERSTONE, réalisé dans plusieurs pays, avec 1457 patients index âgés de 5 à 64 ans, diagnostiqués positifs au virus influenza et négatifs au Sars-CoV-2. Ceux-ci ont été randomisés dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes. Les 2681 contacts familiaux inclus étaient principalement non vaccinés contre la grippe, rendant ces résultats représentatifs de nombreux contextes réels mais nécessitant prudence dans la généralisation aux populations vaccinées.

Selon un éditorial associé, ces résultats indiquent que baloxavir pourrait constituer une stratégie complémentaire efficace à la vaccination antigrippale pour limiter la transmission virale intrafamiliale. La meilleure façon de prévenir la grippe saisonnière est la vaccination antigrippale annuelle chez les personnes âgées de 6 mois et plus, et les médicaments antiviraux constituent un complément important aux vaccins antigrippaux.

Des défis et des questions subsistent quant à la manière d'utiliser les médicaments antiviraux de la manière la plus efficace possible en raison de la courte période d'incubation et de l'intervalle aérien court de la grippe ; cela inclut la manière de mettre en œuvre un diagnostic précoce et un traitement antiviral afin d'obtenir le plus grand bénéfice, en particulier pour les personnes qui ont un risque accru de complications et celles vivant dans des foyers avec de telles personnes. Des études complémentaires devraient explorer son utilisation dans des contextes institutionnels ou pandémiques, notamment face à des virus émergents à fort potentiel pandémique, afin d’optimiser les stratégies de contrôle de la grippe en santé publique.