Dermatologie
Eczéma chronique sévère des mains : efficacité démontrée un anti-JAK en crème
Un inhibiteur pan-JAK en crème, le delgocitinib serait plus efficace et mieux toléré que l’alitrétinoïne oral chez les patients atteints d’eczéma chronique sévère des mains.
- Irina Esau/istock
L’eczéma chronique sévère des mains représente une affection dermatologique invalidante pour laquelle les options thérapeutiques sont limitées. Si les corticoïdes topiques restent le traitement initial standard, leur utilisation prolongée peut induire des effets secondaires cutanés et systémiques problématiques, et leur efficacité est souvent insuffisante. L’alitrétinoïne oral est actuellement le seul traitement systémique approuvé dans certains pays pour les formes sévères réfractaires, mais ses limites en matière de tolérance justifient le besoin d’alternatives thérapeutiques.
L’étude de phase 3 DELTA FORCE, publiée dans The Lancet, visait à comparer directement l’efficacité et la tolérance de la crème de delgocitinib, un inhibiteur topique pan-JAK, administrée deux fois par jour, à l’alitrétinoïne orale (30 mg par jour) chez 503 patients adultes atteints d’eczéma chronique sévère des mains. À la semaine 12, le changement moyen ajusté du score HECSI (Hand Eczema Severity Index) était significativement supérieur dans le groupe delgocitinib (–67,6) comparativement à l’alitrétinoïne (–51,5 ; différence –16,1 points, IC à 95% –23,3 à –8,9 ; p<0,0001).
Les autres résultats renforcent la supériorité de delgocitinib.
Le taux de succès du traitement selon l’échelle IGA-CHE (Investigator Global Assessment for Chronic Hand Eczema), ainsi que les améliorations des symptômes rapportés par les patients (démangeaisons, douleurs évaluées par l’échelle HESD), sont constamment supérieurs dans le groupe delgocitinib par rapport à l’alitrétinoïne dès la première semaine et tout au long de l’étude.
Sur le plan de la tolérance, le delgocitinib s’est révélé mieux toléré : moins de patients ont rapporté des effets indésirables (49 % versus 76 % sous alitrétinoïne). Les effets secondaires les plus fréquents dans le groupe alitrétinoïne sont des céphalées (32 % contre 4 % avec delgocitinib), une rhinopharyngite et des nausées. Aucun signal de sécurité préoccupant n’a été identifié avec la crème de delgocitinib.
Une étude multicentrique randomisée en simple aveugle
Ces résultats proviennent de l’étude DELTA FORCE, menée dans 102 centres répartis sur plusieurs pays européens et le Canada, selon un protocole randomisé, contrôlé et en simple aveugle pour l’évaluation clinique.
Selon les auteurs, cette étude apporte des arguments solides en faveur d’une modification des pratiques, plaçant la crème de delgocitinib comme une alternative efficace et mieux tolérée par rapport à l’alitrétinoïne orale dans l’eczéma chronique sévère des mains, tout particulièrement chez les femmes en âge de procréer, compte tenu du profil de sécurité problématique de l’alitrétinoïne. D’autres recherches devront s’orienter vers l’analyse approfondie de l’impact sur la qualité de vie et la productivité au travail, ainsi que vers des études évaluant l’efficacité selon les différentes causes d’eczéma chronique des mains.
En conclusion, la crème de delgocitinib représente une avancée thérapeutique prometteuse pour les patients souffrant d’eczéma chronique sévère des mains, offrant un bénéfice clinique supérieur et un profil de sécurité favorable comparativement à l’alitrétinoïne, avec un potentiel important pour changer la prise en charge de cette affection dermatologique fréquente et invalidante.











