Gastro-entérologie

Maladie de Crohn : intérêt confirmé des anticorps anti-IL23 sélectifs p19

Le mirikizumab, un anticorps monoclonal ciblant sélectivement la sous-unité p19 de l’IL-23, améliore significativement la rémission clinique et endoscopique chez des patients atteints de maladie de Crohn modérée à sévère, y compris en cas d’échec des traitements biologiques antérieurs.

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  • 16 Décembre 2024
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    La maladie de Crohn est une affection inflammatoire chronique intestinale, évolutive, dont la prise en charge reste complexe. Les objectifs thérapeutiques actuels vont au-delà du simple contrôle symptomatique, visant la cicatrisation muqueuse, l’amélioration de la qualité de vie et la préservation des fonctions digestives. Toutefois, un nombre non négligeable de patients perdent leur réponse aux traitements disponibles ou doivent y renoncer en raison d’intolérances. L’IL-23, cytokine clé dans la pathogenèse de cette maladie, suscite un intérêt croissant, et les traitements ciblant sa sous-unité p19, comme le mirikizumab, pourraient répondre à ce besoin médical non satisfait.

    L’étude de phase 3 VIVID-1, dont les résultats sont publiés dans The Lancet, montre que le mirikizumab, chez des patients atteints de maladie de Crohn modérée à sévère ayant un antécédent d’échec aux thérapies conventionnelles ou biologiques, entraîne une amélioration significative de deux critères co-primaires à un an : 38 % des patients sous mirikizumab obtiennent une réponse endoscopique composite à la semaine 52, contre 9 % sous placebo (IC à 99,5% 20,6–36,8 ; p<0.0001), et 45 % des patients sous mirikizumab atteignent une rémission clinique (selon l’indice CDAI) contre 20 % sous placebo (IC à 99,5% 15,9–35,6 ; p<0·0001.

    Une molécule bien tolérée et dont l’efficacité semble se compléter au fil du temps

    Au-delà de ces résultats essentiels, l’efficacité du mirikizumab se maintient et même s’accentue au fil du temps, suggérant qu’une partie des patients non répondeurs précoces peut bénéficier d’un traitement prolongé. L’efficacité s’avère robuste, y compris dans les sous-groupes difficiles, tels que les patients ayant déjà échoué à une ou plusieurs biothérapies. De plus, le mirikizumab se révèle non inférieur à l’ustékinumab sur la rémission clinique (CDAI) à 52 semaines, soutenant sa place parmi les options thérapeutiques de référence.

    Sur le plan de la sécurité, le profil global d’effets indésirables du mirikizumab est cohérent avec son statut connu : le taux d’événements indésirables sérieux est plus faible sous mirikizumab (environ 10 %) que sous placebo (17 %), et les arrêts de traitement pour cause de tolérance sont moins fréquents. Aucun décès attribuable au médicament n’a été relevé. Les infections à SARS-CoV-2 figuraient parmi les événements les plus fréquents, sans impact spécifique sur la sécurité globale.

    Un large essai clinique randomisé, multicentrique et « treat-through »

    Ces données proviennent d’un essai clinique international, randomisé, contrôlé, en double aveugle versus ustekinumab et placebo, mené dans 33 pays, incluant un large échantillon de patients représentatif de la diversité des situations cliniques. Le protocole « treat-through », qui n’exige pas un arrêt du placebo en entretien et permet l’évaluation du traitement sur le long terme, y compris les non-répondeurs initiaux, et reflète mieux la pratique réelle.

    Cette approche méthodologique confirme que le ciblage sélectif de l’IL-23 est une stratégie thérapeutique pertinente dans la maladie de Crohn. Sur le plan pratique, le mirikizumab élargit le répertoire des options disponibles pour les patients présentant une maladie de Crohn modérée à sévère, en particulier ceux en échec thérapeutique.

    D’après les auteurs, ses performances laissent entrevoir un changement dans l’algorithme de prise en charge, avec un recours potentiellement plus précoce à cette molécule dans la stratégie thérapeutique. À l’avenir, des études comparatives directes plus approfondies et de longues cohortes observationnelles aideront à mieux cerner sa place et son rapport coût-efficacité, ouvrant ainsi la voie à une optimisation des traitements de la maladie de Crohn.

     

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