Hématologie
LMC en 1ère ligne : intérêt d’un TKi de nouvelle génération STAMP
L'asciminib, un inhibiteur classé parmi les médicaments STAMP (Specifically Target the ABL Myristoyl Pocket), pourrait constituer une option thérapeutique moins toxique et plus efficace pour les patients souffrant de leucémie myéloïde chronique nouvellement diagnostiquée
- Md Ariful Islam/istock
Grâce aux récentes avancées scientifiques et au développement du traitement par inhibiteur de tyrosine kinase (TKi), le taux de survie relative à 5 ans pour la LMC a plus que triplé, passant de 22% pour les personnes diagnostiquées au milieu des années 1970 à 70% pour celles diagnostiquées entre 2012 et 2018.
La plupart des patients devront rester sous traitement par TKi pendant de nombreuses années, voire à vie. Bien que certains patients atteints de LMC répondent bien au traitement par TKi, près de la moitié d'entre eux doivent finalement changer de traitement en raison d'une résistance au médicament ou d'une difficulté à le tolérer. Cela souligne la nécessité de trouver des traitements très efficaces sans compromettre la sécurité et la tolérabilité.
Une nouvelle étude a révélé que l'asciminib, un inhibiteur classé comme médicament STAMP (Specifically Target the ABL Myristoyl Pocket), est une option thérapeutique potentiellement plus sûre et plus efficace pour les personnes atteintes de leucémie myéloïde chronique (LMC) nouvellement diagnostiquée, par rapport aux traitements standard actuels à base d'inhibiteurs de tyrosine kinase (TKi). L'étude a été présentée lors du congrès annuel 2024 de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) et publiée simultanément dans le New England Journal of Medicine.
Un essai randomisé en 1ère ligne
L'essai clinique de phase 3 ASC4FIRST a comparé l'asciminib aux traitements par TKi disponibles qui constituent le traitement standard actuel de la LMC en phase chronique. Au total, 405 patients souffrant de LMC en phase chronique récemment diagnostiquée ont été randomisés pour recevoir de l'asciminib (201 patients) ou un TKi choisi par l'investigateur (204 patients). Dans le groupe TKI, 102 patients ont reçu de l'imatinib et 102 ont reçu un TKi de deuxième génération, plus puissant.
Les investigateurs ont choisi le TKi en fonction de l'état de santé général du patient et de ses préférences. En règle générale, les patients plus jeunes qui n'avaient pas d'autres problèmes de santé ont été traités avec un TKi de deuxième génération, car ils pouvaient mieux tolérer des médicaments plus puissants.
Meilleure efficacité par rapport aux TKi standard
Après 48 semaines, 68 % des patients du groupe asciminib ont obtenu une réponse moléculaire majeure, contre 49 % dans le groupe TKi (comprenant à la fois l'imatinib et les TKi de deuxième génération). Une réponse moléculaire profonde est observée chez 39 % des patients du groupe asciminib, contre 21 % dans le groupe TKi. Les personnes qui ont une réponse moléculaire profonde peuvent éventuellement être considérées comme étant en rémission et pourraient arrêter le traitement.
Dans une analyse en sous-groupes, les patients sélectionnés pour recevoir de l'imatinib mais randomisés pour recevoir de l'asciminib ont été comparés au groupe imatinib, et 100 patients sélectionnés pour un TKi de deuxième génération mais randomisés pour recevoir de l'asciminib ont été comparés au groupe TKi de deuxième génération. Une réponse moléculaire majeure a été obtenue chez 40% des patients du groupe imatinib, contre 69% dans le sous-groupe asciminib correspondant. Dans le groupe TKi de deuxième génération, 58% des patients ont obtenu une réponse moléculaire majeure, contre 66% dans le sous-groupe asciminib correspondant.
Meilleure tolérance par rapport aux TKi standard
La plupart des effets indésirables ont été moins nombreux dans le groupe asciminib que dans le groupe TKi standard. Les effets indésirables les plus fréquents dans le groupe asciminib sont une faible numération plaquettaire (13 %) et une faible numération des neutrophiles (10 %). L'asciminib a eu un taux d'arrêt du traitement plus faible et des taux d'ajustement de la dose ou d'interruption du traitement plus faibles. Le traitement a le plus souvent été interrompu en raison de son inefficacité ou d'effets secondaires indésirables. Enfin, les thromboses, un effet secondaire grave des TKI, n'ont été observées que chez 1 % des participants ayant pris de l'asciminib.
L'asciminib démontre donc une efficacité supérieure à celle des autres TKi actuels et s'est accompagné d'un profil de sécurité plus favorable, avec moins d'effets indésirables, d'interruptions de traitement et d'arrêts de traitement. L'excellente combinaison d'efficacité et de tolérabilité de l'asciminib par rapport aux traitements de première ligne actuels le positionne comme un choix de traitement potentiel pour les patients souffrant de leucémie myéloïde chronique.











