Hématologie
Lymphome : les tatouages pourraient être un facteur de risque
Les tatouages pourraient augmenter de près de 20% le risque de développer un lymphome malin (lymphome diffus à grandes cellules B et lymphome folliculaire) dans une étude cas-témoin nationale suédoise.
- Rawpixel/istock
Les tatouages ont-ils un effet sur la santé à long terme ? Peu d’études et de chercheurs ont travaillé sur le sujet. Ainsi, pour répondre à cette question, une équipe de l’université de Lund a suivi des personnes tatouées. Elle a alors repéré une association entre les tatouages et certains lymphomes : ils pourraient être un facteur de risque.
Sa découverte a été détaillée dans un article, publiée dans le numéro de juin 2024 de la revue eClinicalMedicine.
Lymphome : le tatouage augmenterait le risque de 21 %
L'étude rétrospective cas-témoin a été réalisée sur le registre Swedish National Cancer Register. Elle a réuni 11.905 personnes dont 2.938 d’entre elles ont eu un lymphome entre 20 et 60 ans. 1.398 patients touchés par ce cancer du système lymphatique ont répondu à un questionnaire sur leur mode de vie, tandis que le nombre de participants dans le groupe témoin était de 4.193.
Les chercheurs ont ainsi déterminé que parmi les personnes souffrant d'un lymphome, 21% étaient tatoués. Le taux serait de 18% au sein du groupe qui n'avait pas de cette maladie. Le risque associé à l'exposition au tatouage semble être le plus élevé pour le lymphome diffus à grandes cellules B (IRR 1,30 ; IC à 95 % 0,99-1,71) et le lymphome folliculaire (IRR 1,29 ; IC à 95 % 0,92-1,82).
"Après avoir pris en compte d’autres facteurs pertinents, tels que le tabagisme et l’âge, nous avons constaté que le risque de développer un lymphome était 21 % plus élevé chez les personnes tatouées. Il est important de rappeler que le lymphome est une maladie rare et que nos résultats s’appliquent au niveau du groupe. Les résultats doivent maintenant être vérifiés et approfondis dans d'autres études et ces recherches sont en cours", explique Christel Nielsen, chercheur à l'université de Lund qui a dirigé les travaux.
Tatouage et cancer : est-ce que la taille compte ?
Aux prémisses de leur étude, les scientifiques suédois ont avancé que la taille du tatouage devait affecter le risque de lymphome. Mais leurs données ont montré que la surface tatouée n’avait pas d’importance. "Nous ne savons pas encore pourquoi c’est le cas. On ne peut que supposer qu’un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation légère dans le corps, qui à son tour peut déclencher un cancer. Le tableau est donc plus complexe que nous le pensions initialement", indique l’experte dans un communiqué.
"Nous savons déjà que lorsque l’encre du tatouage est injectée dans la peau, le corps l’interprète comme quelque chose d’étranger qui ne devrait pas être là et le système immunitaire est activé. Une grande partie de l'encre est évacuée de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose."
L'encre de tatouage contient souvent des produits chimiques cancérigènes, par exemple des amines aromatiques primaires, des hydrocarbures aromatiques polycycliques et des métaux. Le processus de tatouage provoque une réponse immunologique qui entraîne la translocation de l'encre de tatouage à partir du site d'injection. Le dépôt de pigments de tatouage dans les ganglions lymphatiques a été confirmé, mais les effets à long terme sur la santé restent inexplorés. L’équipe a prévu de poursuivre ses recherches pour déterminer si les tatouages peuvent être liés à d’autres cancers ou à des maladies inflammatoires.
"Les gens voudront probablement continuer à exprimer leur identité à travers des tatouages, et il est donc très important que nous, en tant que société, puissions garantir que cela est sûr. Pour le particulier, il est bon de savoir que les tatouages peuvent affecter votre santé et que vous devez vous tourner vers votre professionnel de la santé si vous ressentez des symptômes qui, selon vous, pourraient être liés à votre tatouage", conclut Christel Nielsen.











