Rhumatologie

Psoriasis et rhumatisme psoriasique : un sur-risque de fractures ostéoporotiques

Le psoriasis sévère et le rhumatisme psoriasique sont associés à une augmentation du risque de fractures ostéoporotiques, qu’elles soient vertébrales, fémorales ou autres.

  • 26 Janvier 2017
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    Les malades adultes souffrant de psoriasis sévère sont plus de deux fois plus à risque d'avoir des fractures vertébrales que des personnes appariées en population générale. Ce sont les résultats d'une étude publiée en ligne le 16 janvier dans Annals of Rheumatic Disease. De plus, tous les malades atteints de psoriasis et de rhumatisme psoriasique sont à risque de fracture ostéoporotique quel qu'en soit le type.

    Un net sur-risque de fracture

    Les patients atteints de psoriasis et de rhumatisme psoriasique de cette cohorte avaient plus de facteurs de risque d'ostéoporose et de fractures (diabète, alcool, tabagisme, dépression, antidépresseurs, corticostéroïdes, méthotrexate et cyclosporine). Cependant, même après ajustement sur ces facteurs de risque, les malades souffrant de psoriasis sévère ont un doublement du risque de fracture vertébrale (HR, 2,23 ; IC à 95%, 1,54 - 3,22) comparativement aux témoins. Ils ont, de plus, un risque augmenté de 26% pour toutes les fractures (HR, 1,26 ; IC 95%: 1,15-1,39) et de 21% pour les fractures de la hanche (HR: 1,21 ; IC à 95%: 0,88-1,66).

    En cas de psoriasis modéré, l’augmentation du risque de fracture, de fracture de la hanche ou de fracture vertébrale sont de 7% (HR, 1,07; IC 95%: 1,05-1,10), 13% (HR, 1,13; 1,22) et 17% (HR, 1,17; IC à 95%, 1,03 à 1,33).

    En cas de rhumatisme psoriasique, le risque est augmenté de 16% (HR, 1,16; IC à 95%, 1,06-1,27), 17% (HR, 1,17; IC à 95%: 0,86-1,59) et 7% (HR: 1,07; IC 95%, 0,66-1,72) pour toutes les fractures, les fractures de la hanche ou les fractures vertébrales, respectivement.

    Un très large registre de malades bien identifiés

    Les chercheurs ont comparé l'incidence des fractures chez les patients âgés de 18 à 89 ans avec un diagnostic (posé par un médecin) de rhumatisme psoriasique (n = 9788), de psoriasis modéré (n = 149 809) ou de psoriasis sévère (n = 8514) par rapport à celle chez de témoins appariés de la population générale (n = 821 834) et d'une population de malades souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR = 39 306). La PR est un facteur de risque identifié pour l'ostéoporose et elle peut partager des mécanismes inflammatoires avec la maladie psoriasique.

    Bien que l'incidence de la fracture de la hanche soit plus élevée dans les deux groupes de psoriasis, elle n'est statistiquement significative que chez les patients atteints de psoriasis sévère par rapport aux contrôles après ajustement pour les facteurs de risque d'ostéoporose.

    Par comparaison, les patients atteints de PR sont 23% plus à risque de fracture que la population générale (HR, 1,23; IC à 95%, 1,18 - 1,28). Cette incidence est similaire à celles rapportées dans des études antérieures de malades souffrant de polyarthrite rhumatoïde ce qui donne une certaine validité aux résultats.

    En pratique

    Des études antérieures avaient montré l'existence d'un lien entre psoriasis et rhumatisme psoriasique d’une part et ostéoporose ou ostéopénie d’autre part, mais c'est l'une des premières études à évaluer le risque de nouvelle facture chez les malades et à correctement évaluer celui de fracture de hanche.

    Ces résultats sont en désaccord sur le risque de fracture de hanche avec une étude norvégienne rapportée récemment (HUNT), mais dans cette dernière étude le diagnostic n'était pas posé par un médecin, le nombre de malades était restreint (n=3000) et la population étudiée avait moins de 60 ans, ce qui ne permet pas d'étudier correctement le lien avec la fracture de hanche.

    Les manifestations de la maladie, son activité et l'utilisation de DMARD biologiques, les taux de vitamine D, de même que la prise en compte de certains facteurs de vie tels que le degré d'activité physique, ne sont pas disponibles dans l’étude et il n'a donc pas été possible d'examiner leurs effets sur le risque d'ostéoporose et de fracture.

    En dépit de ces limitations, l’augmentation du risque de fractures associées au psoriasis et au rhumatisme psoriasique est démontrée dans cette étude ce qui impose de conseiller les malades et de leur proposer systématiquement un dépistage et une prise en charge adapté contre l'ostéoporose.

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