Psychiatrie
Dépression : l’IRM fonctionnelle cérébrale peut prédire la réponse au traitement
Une IRM fonctionnelle cérébrale pourrait permettre de prédire d’emblée quels malades répondront à un médicament antidépresseur et quels sont ceux chez qui il faut proposer un autre traitement, selon une nouvelle étude publiée dans le journal Brain.
- beerkoff1/epictura
Des chercheurs de l'Université de l'Illinois et de l'Université du Michigan ont effectué des IRM fonctionnelles (fIRM) avant un traitement antidépresseur chez des malades souffrant d'un épisode dépressif majeur. Les patients qui ont le plus d’activité au sein de deux réseaux cérébraux qui seraient spécifiques de concerner des tâches utiles contre la dépression, sont moins susceptibles de répondre aux médicaments antidépresseurs.
Prédiction correcte dans 90% des cas
En utilisant l’IRM fonctionnelle sur 2 réseaux cognitifs spécifiques, les chercheurs ont été capables de prédire avec un très haut degré de précision, c’est-à-dire dans 90 pour cent des cas, la réponse ou l'absence de réponse à un médicament antidépresseur.
Les patients dont l'activité cérébrale était plus forte dans le « réseau de détection d'erreurs » ou le « réseau de traitement d'interférences » ont été ceux qui sont le moins susceptibles d'avoir une réduction de leurs symptômes dépressifs sous antidépresseur.
Les chercheurs ont également constaté que les malades qui ont fait le plus d'erreurs au cours des tâches cognitives sont par contre les plus susceptibles de répondre à un antidépresseur.
Deux réseaux cognitifs spécifiques
Les deux réseaux concernés dans cette étude sont le « réseau de détection d'erreur », qui s'active lorsque quelqu'un remarque qu'il a fait une erreur, et le « réseau de traitement des interférences », qui s'active lors du choix des informations sur lesquelles il faut se concentrer.
Les chercheurs pensent que la multiplication des interférences au sein de ces 2 réseaux peut refléter une propension à ruminer sur des événements négatifs, tels que l'erreur, ou un déficit dans la régulation émotionnelle face à une erreur. Chez des malades atteints de tels troubles, les médicaments antidépresseurs pourraient être moins efficaces.
Une corrélation fIRM et réponse au traitement
Dans cette étude, 36 malades adultes souffrant d'épisode dépressif majeur ont été étudiés en fIRM. Les malades ont tous eu une fIRM avant traitement et ont également rempli des questionnaires standardisés pour évaluer leurs symptômes dépressifs. Ils ont ensuite été répartis entre l'un des deux types d’antidépresseurs les plus couramment utilisés actuellement dans la dépression : l'escitalopram (un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, n=22) ou la duloxétine (un inhibiteur de réabsorption de la sérotonine et de la norépinephrine, n=14).
Les patients ont ensuite été suivis pendant le traitement antidépresseur et 10 semaines après la fin du traitement. Ils ont également complété des questionnaires et ont eu des entretiens individuels pour déterminer si le médicament prescrit diminuait leurs symptômes.
L’intérêt de l’IRM cérébrale fonctionnelle
Plusieurs études utilisant d’fIRM ont identifié des zones du cerveau qui sont hyperactives, ou sous-actives, chez les malades souffrant d'un épisode dépressif majeur, ce qui suggère que la neuro-imagerie fonctionnelle pouvait être utile pour prédire la réponse d'un patient à un traitement donné.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné différents modèles d'activation cérébrale en fIRM pendant que les malades effectuaient une tâche cognitive standardisée, ceci afin de voir si ces modèles d'activation prédisaient la réponse à un traitement médicamenteux.
Pendant l'fIRM, les participants ont été invités à regarder les lettres X, Y et Z clignoter sur un écran. Ils ont été invités à appuyer sur un bouton chaque fois qu'ils ont vu une lettre, mais il leur était demandé de ne pas appuyer sur le bouton si la même lettre réapparaissait une seconde fois.
En pratique
Trouver le bon médicament antidépresseur peut parfois prendre plusieurs mois puisque ces médicaments n’ont d’effet notable sur l'humeur qu’au bout de quatre à huit semaines.
Or, si les malades ne répondent pas au premier médicament prescrit, ou ont des effets secondaires, la mise en route d’un traitement efficace sera retardée, et il est démontré que ce retard au traitement, ou les échecs successifs de différents traitements, favorisent le risque d'apparition d'une résistance ultérieure à tout traitement.
Ainsi, disposer d'un outil fiable pour prédire la réponse à un antidépresseur pourrait réduire le temps de souffrance des malades, améliorer la qualité du traitement et réduire les coûts de santé.
En utilisant des tests cognitifs et l’fIRM, il semble désormais possible d’identifier les malades qui répondront le mieux à un médicament antidépresseur et ceux qui auront besoin d'autres thérapies efficaces, comme une psychothérapie.











