Oncologie
Comment les nanotechnologies ont permis de décupler l’action d’un anticancéreux
Des chercheurs ont rendu une chimiothérapie 20.000 fois plus efficace grâce à des nanotechnologies.
- Par Diane Cacciarella
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- KrulUA/iStock
Guérirons-nous mieux le cancer à l’avenir ? Une nouvelle étude offre de l’espoir. Dans des travaux publiés dans la revue ACS Nano, des chercheurs ont rendu une chimiothérapie 20.000 fois plus efficace contre le cancer grâce à des nanotechnologies.
Les chimiothérapies standards ne ciblent pas suffisamment les cellules cancéreuses
Les scientifiques ont travaillé sur un traitement de chimiothérapie existant, le 5-fluorouracile (5-FU). Actuellement, d'après le communiqué, ce médicament a une efficacité limitée - il attaque autant les cellules saines que cancéreuses - et des effets secondaires importants.
Pour les chercheurs, le problème majeur de 5-FU est sa faible solubilité, qui l’empêche d’atteindre ses cibles, les cellules cancéreuses. “Nous savons tous que la chimiothérapie est souvent très toxique, indique Chad A. Mirkin, l’un des auteurs de l’étude. Mais beaucoup ignorent qu'elle est aussi souvent peu soluble. Il nous faut donc trouver des moyens de la transformer en formes hydrosolubles et de l'administrer efficacement.”
Pour cela, les scientifiques y ont ajouté des acides nucléiques sphériques. Il s’agit de nanoparticules entourées d'une couche d'ADN ou d'ARN. Plus précisément, ils ont mis des molécules de chimiothérapie dans les brins d'ADN des acides nucléiques sphériques pour que les cellules cancéreuses les reconnaissent et les absorbent mieux.
L’objectif était que cette nouvelle formule cible mieux les cellules cancéreuses et se répande moins dans le reste de l’organisme. Pour le vérifier, les chercheurs l’ont testée en laboratoire, sur des souris atteintes de leucémie myéloïde aiguë (LMA), un type de leucémie agressive. D’après le Manuel MSD, 20 à 40 % des patients ont une espérance de vie d’au moins 5 ans avec un traitement adapté.
“Les chimiothérapies actuelles détruisent tout ce qu'elles rencontrent, souligne Chad A. Mirkin. Ainsi, ces traitements détruisent les cellules cancéreuses, mais aussi de nombreuses cellules saines. Notre nanomédecine structurale cible préférentiellement les cellules myéloïdes. Au lieu de surcharger l'organisme avec une chimiothérapie, elle délivre une dose plus élevée et plus ciblée, précisément là où c'est nécessaire.”
La chimiothérapie avec nanoparticules est 20.000 fois plus efficace
Lors de l’essai, certaines souris ont été traitées avec une chimiothérapie 5-FU standard, tandis que les autres ont bénéficié de celle basée sur les nanoparticules. Cette dernière a obtenu de très bons résultats : elle pénètre 12,5 fois mieux dans les cellules leucémiques, qu’elle détruit 20.000 fois plus efficacement que la chimiothérapie standard. Enfin, la progression du cancer était fortement ralentie, sans effets secondaires notables.
“Sur des modèles animaux, nous avons démontré que nous pouvions stopper la progression des tumeurs, explique Chad A. Mirkin. Si ces résultats se confirment chez l’être humain, ce serait une avancée extrêmement prometteuse. Cela permettrait une chimiothérapie plus efficace, de meilleurs taux de réponse et moins d'effets secondaires. C’est toujours l’objectif ultime de tout traitement anticancéreux.”
En France métropolitaine, 3.428 cas de LMA ont été diagnostiqués en 2018, selon Santé publique France.











