Cognition

Psychologie : pourquoi mentir est bon signe chez les enfants

Votre enfant invente des histoires ou accuse un copain imaginaire ? Rassurez-vous, mentir dès le plus jeune âge est courant, et même sain : c’est une étape clé de son développement cognitif, selon des experts en psychologie.

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  • 04 Jul 2025
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    "Est-il normal que les jeunes enfants mentent ? Ou devrais-je être m’en inquiéter ?" C’est la question posée par la psychologue Cortney Warren dans les colonnes du magazine américain Psychology Today. Pour tenter d’y répondre, elle s’appuie sur les travaux de son confrère le Dr Kang Lee, professeur de psychologie appliquée à l'Université de Toronto (Canada), qui est formel : les tout-petits mentent... et c’est plutôt bon signe.

    Des mensonges qui commencent tôt

    D’après ses recherches, près d’un tiers des enfants s’exercent au mensonge dès l'âge de deux ans. Ce chiffre grimpe ensuite à 50 % à trois ans, puis à 80 % à quatre ans. Autrement dit, sur les bancs de la maternelle, mentir est devenu presque une norme. Mais pas d’inquiétude : ce n’est pas un symptôme de psychopathie, mais plutôt de "bon" développement.

    En réalité, le mensonge chez le jeune enfant est non seulement courant, mais surtout révélateur de compétences cognitives avancées. Pour pouvoir mentir, l’enfant doit posséder deux aptitudes clés : une capacité de "lecture de l'esprit" (c’est-à-dire comprendre que l'autre ne sait pas ce qu'il sait) et une capacité d’autocontrôle, de maîtrise de soi – de leur discours, leur expression faciale et leur langage corporel. Sans ces deux compétences, "le mensonge ne serait tout simplement pas crédible", écrit Cortney Warren.

    La recherche suggère ainsi que les petits qui mentent tôt font souvent preuve "d’intelligence, de créativité et d’individuation" (le fait de se distinguer des autres individus). En d’autres termes, mentir, à cet âge, peut être interprété comme une étape naturelle – et même saine – du développement psychologique.

    Entre réalité et imagination

    Difficile, pour un enfant, de faire la différence entre fiction et vérité. Comme le souligne le Dr Michael Brody, autre expert cité par Psychology Today, "les très jeunes enfants ne savent pas distinguer la vérité de la fiction". Jouer au dragon, se proclamer princesse ou affirmer qu’un camarade de classe est responsable d’une bêtise, "tout cela fait partie de l’exploration du monde". Et dans ce monde, la fantaisie passe souvent avant la vérité.

    Pourquoi mentent-ils ? À cet âge, les motivations sont simples : éviter une punition ou obtenir une récompense. "Les enfants ne naissent pas avec une boussole morale : ils apprennent en explorant et en ayant des retours de leur environnement social. Dès leur plus jeune âge, ils sont motivés par le principe du plaisir : obtenir plus de ce qu'ils veulent et moins de ce qu'ils ne veulent pas", selon Cortney Warren. La conscience du bien et du mal s’acquiert plus tard, à mesure qu’il apprend des réactions de son entourage.

    Même si l’on ne souhaite pas encourager le mensonge, il peut donc être utile de le voir comme une étape normale d’un cerveau en pleine construction. D’autant plus que les mensonges des tout-petits sont souvent inoffensifs, et même parfois cocasses, au point de faire sourire les parents. Qui, eux, mentent 4,5 fois par jour en moyenne : nos enfants ont de qui tenir, ne l’oublions pas.

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    JDF