Environnement

Le cancer du poumon touche aussi les non-fumeurs : la pollution en cause ?

Alors que le cancer du poumon chez les non-fumeurs progresse, porté par des facteurs environnementaux encore mal connus, une étude met en évidence un lien entre pollution de l’air et développement de tumeurs pulmonaires.

  • utah778 / istock
  • 04 Jul 2025
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    Longtemps associé au tabac, le cancer du poumon touche de plus en plus de personnes n’ayant jamais fumé. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, met en lumière les liens génétiques entre certaines expositions environnementales – comme la pollution de l'air – et des mutations favorisant ce type de cancer.

    Des mutations similaires à celles causées par le tabac

    Les chercheurs américains de l'Université de Californie à San Diego et du National Cancer Institute (NCI) ont analysé les génomes de tumeurs pulmonaires chez 871 personnes n'ayant jamais fumé, issues de 28 régions différentes. Résultat : ils ont détecté des mutations génétiques dites "signatures mutationnelles" qui trahissent l'empreinte laissée par des expositions passées. "Notre recherche montre que la pollution de l'air est fortement associée aux mêmes types de mutations de l'ADN que celles que l'on associe habituellement au tabagisme", expliquent les scientifiques un communiqué.

    Dans le détail, la pollution entraîne une augmentation globale du nombre de mutations, en particulier celles liées au vieillissement et au développement de cancers. L'équipe a même observé une relation dose-effet : plus les patients vivaient dans des zones polluées, plus leurs tumeurs comportaient de mutations. "C'est un problème mondial, urgent et croissant", alertent les chercheurs.

    Secondaire mais présent : l'effet du tabagisme passif

    Surprise de l'étude : le tabagisme passif semble entraîner peu de mutations génétiques identifiables, bien qu'une réduction de la longueur des télomères – un signe de vieillissement cellulaire – ait été observée. "S'il y a un effet mutagène, il est peut-être trop faible pour être détecté avec nos outils actuels", nuancent les scientifiques. Enfin, les auteurs de l’étude ont découvert une signature mutationnelle présente chez la plupart des non-fumeurs atteints de cancer du poumon, mais absente chez les fumeurs. "Nous ne savons pas encore ce qui la provoque", reconnaissent-ils.

    Alors que cette recherche éclaire les multiples visages du cancer du poumon chez les non-fumeurs, elle réaffirme l’importance d’agir sur tous les fronts environnementaux. En France, un tournant symbolique a été franchi : il est désormais interdit désormais de fumer dans de nombreux lieux publics en plein air — abribus, parcs, plages, abords d’écoles ou de bibliothèques. Une mesure forte qui vise à réduire l’exposition au tabagisme passif, mais qui, à la lumière des études actuelles, ne suffit plus. Car si fumer nuit gravement à la santé, l’air que l’on respire peut, lui aussi, devenir un facteur silencieux de cancer.

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    JDF