Cardiologie

FA paroxystique : un traitement par potassium et magnésium IV ?

Dans la fibrillation atriale paroxystique de moins de 48 heures, une injection intraveineuse de potassium et de magnésium semble pouvoir doubler le pourcentage de retour en rythme sinusal. Peut-être une étape initiale supplémentaire pour certains malades.

  • wingedwolf/istock
  • 28 Oct 2022
  • A A

    La fibrillation atriale (FA) est un fardeau croissant pour les systèmes de santé en raison du vieillissement de la population et des traitements qu’elle impose pour un retour en rythme sinusal (antiarythmiques, cardioversion électrique).

    Une nouvelle étude observationnelle montre que la probabilité de retour spontané au rythme sinusal serait augmentée par l'administration intraveineuse de magnésium (145,8 mg) et de potassium (24 mEq) chez les patients souffrant de fibrillation atriale paroxystique d'une durée inférieure à 48 heures.

    Par rapport à l'absence de traitement, l'administration de potassium et de magnésium est associée à un taux de retour spontané au rythme sinusal supérieur de 10%. L’étude est publiée dans JAMA Network.

    Un doublement des retours en rythme sinusal

    Au total, 2546 épisodes de FA paroxystique (âge médian, 68 ans) et 573 épisodes de flutter non permanent (âge médian, 68 ans) ont été observés.

    Dans les épisodes de FA paroxystique, l'administration intraveineuse de potassium et de magnésium, par rapport à l'absence d'administration, est associée à une augmentation de la probabilité de retour en rythme sinusal (19,2% vs 10,4% ; OR=1,98 ; IC à 95 %, 1,53-2,57).

    Dans les épisodes de flutter en revanche, aucun effet n’est observé sur le retour en rythme sinusal avec le potassium et le magnésium par rapport à l'absence d'administration (13,0% vs 12,5% ; OR, 1,05 ; IC à 95 %, 0,65-1,69).

    Un traitement sans effets secondaires

    La fibrillation atriale (FA) paroxystique est habituellement traitée par cardioversion pharmacologique ou électrique, en particulier pour les patients très symptomatiques, mais chaque traitement comporte ses risques spécifiques et aucun n'est considéré comme coût-efficace en raison de la récidive fréquente de la FA.

    En effet, la FA régresse souvent spontanément. Ainsi, la mise en œuvre de stratégies « wait-and-watch », combinées à des systèmes de scoring pour estimer la probabilité d'un retour en spontané rythme sinusal pourrait être une approche intéressante pour éviter une cardioversion inutile et ses effets indésirables potentiels.

    Des éléments de preuves suggèrent que l'hypokaliémie et l'hypomagnésémie peuvent contribuer au développement de la FA et l'administration de potassium et de magnésium pourrait être une stratégie raisonnable pour améliorer les taux de retour au rythme sinusal.

    Jusqu'à présent, on ne savait pas si l'administration de potassium et de magnésium pouvait être une option raisonnable dans le traitement de la FA paroxystique et du flutter non permanent, et bien que ce traitement puisse être une pratique courante dans certains services d'urgence en Europe, elle ne fait pas partie des recommandations de traitement actuelles.

    Intérêt pour la FA et pas pour le flutter

    Ces résultats suggèrent que l'administration intraveineuse de potassium et de magnésium peut augmenter les chances de retour au rythme sinusal chez les patients souffrant de FA paroxystique, avec une hypokaliémie ou des taux de potassium plasmatique compris entre 3,50 et 3,99 mEq/l. Chez les patients atteints de flutter non permanent, cependant, l'administration de potassium et de magnésium ne semble pas marcher.

    Mais il faut se rappeler que la fibrillation auriculaire est une maladie chronique qui est paroxystique au début, puis les épisodes deviennent plus fréquents et plus longs, jusqu’à ce qu’elle devienne permanente et ce traitement n’est pas un traitement radical, mais peut-être une étape supplémentaire initiale chez certains patients.

    Cette approche pourrait réduire initialement l’utilisation des cardioversions traditionnelles et leurs effets indésirables. Un essai clinique randomisé est justifié pour déterminer l'efficacité et la sécurité d'une telle approche.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----