Cardiologie
Insuffisance cardiaque à FEVG préservée : bénéfice de l’empagliflozine
EMPEROR-Preserved est le premier essai à démontrer de façon claire les bénéfices d’un iSGLT2 dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection ventriculaire préservée. L’empagliflozine réduit significativement le risque de décès et d’hospitalisations pour IC, que les patients soient ou non diabétiques.
- Pitchayanan Kongkaew/istock
Enfin un grand pas en avant dans l’insuffisance cardiaque à FEVG préservée (HFpEF), jusqu’alors dans un quasi désert thérapeutique. L’empagliflozine, inhibiteur de SGLT2 développé initialement dans le diabète de type 2 et qui a déjà fait la preuve de son efficacité sur la morbi-mortalité de l’insuffisance cardiaque à FEVG altérée dans l’étude EMPEROR-Reduced, permet également de réduire le morbi-mortalité dans l’HFpEF.
Après un suivi de 26 mois, le traitement s’est accompagné, comparativement au placebo, d’une réduction de 21% du critère principal composite associant décès cardiovasculaires et hospitalisations pour IC et de 27% des hospitalisations pour IC (premières et récurrentes). De plus, il a ralenti le déclin du débit de filtration glomérulaire (DFG).
Près de 6000 patients inclus
EMPEROR-Preserved, dont les résultats étaient très attendus par la communauté cardiologique viennent d’être présentés au congrès virtuel de la Société européenne de cardiologie et publiés dans le NEJM, a inclus 5988 patients (sur plus de 11 500 évalués) ayant une IC avec une FEVG > 40%. Les critères d’inclusion associaient NT-pro-BNP > 300 pg/mL, antécédent d’hospitalisation pour IC ou preuves d’une anomalie cardiaque structurelle.
Ces patients, des femmes dans 45% des cas et dont près de la moitié avait un diabète de type 2, étaient âgés en moyenne de 72 ans. Leur FEVG était en moyenne de 54% à l’inclusion. Ils ont été randomisés pour recevoir, en plus du traitement habituel, de l’empagliflozine (10 mg/jour) ou un placebo. Au terme du suivi médian de 26 mois, les investigateurs ont rapporté 415 événements du critère principal dans le groupe empagliflozine (13,8%) comparativement à 511 dans le groupe placebo (17,1%), soit un taux de 6,9 vs 8,7 événements pour 100 patient-années (HR=0,79 ; IC 95% 0,69-0,90 ; p=0.0003).
Dans tous les sous-groupes de patients
Ces bénéfices ont été observés dans tous les sous-groupes de patients pré-spécifiés (notamment quel que soit le sexe ou le statut diabétique). Ils ont été significatifs que la FEVG ait été comprise entre 40 et 50% ou entre 50 et 60% à l’inclusion. Cet impact positif a surtout été tiré par la baisse des hospitalisations pour IC.
Le traitement par empagliflozine a également permis de ralentir de façon significative le déclin du DFG : -3,3 mL/min/1,73m2/an vs -5,7 mL/min/1,73m2/an sous placebo (p < 0,0001).
La qualité de vie des patients, évaluée par le questionnaire Kansas city, a aussi été significativement améliorée. Le traitement n’a par contre pas eu d’impact sur la mortalité globale (HR = 1,0).
Une tolérance globalement bonne
Le taux d’effets indésirables a été comparable dans les deux bras de traitement (47,9% vs 51,6% sous placebo), avec toutefois, comme attendu, plus d’infections génitales et urinaires non compliquées et d’hypotension sous empagliflozine. Les taux d’interruption de traitement pour effets indésirables ont été similaires dans les deux groupes de traitement, respectivement de 19,1% et 18,4%.
Ces résultats ouvrent ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques dans une pathologie fréquente et qui n’avait jusqu’alors que peu de ressources thérapeutiques, a indiqué le Pr Stefan Anker, principal investigateur de cet essai.











