Neurologie
Alzheimer : les anticholinergiques associés à un risque accru
Prescrits pour lutter contre l’incontinence, la dépression ou dans le cadre de la maladie de Parkinson, les anticholinergiques sont suspectés d’accélérer le déclin cognitif chez les personnes âgées avec facteurs de risque.
- Ildar Imashev/iStock
Les médicaments anticholinergiques prescrit dans l’incontinence, la dépression ou la maladie de Parkinson sont-ils impliqués dans le développement de la maladie d’Alzheimer chez les patients à risque pour la maladie d’Alzheimer ?
C’est ce que suspectent des chercheurs de l’université de San Diego. Dans une étude publiée dans la revue Neurologie, ils apportent des arguments contre cette classe de médicaments largement prescrite et utilisée, notamment pour lutter contre les tremblements dans le cadre de la maladie de Parkinson, qui est cependant une maladie neurodégénérative.
Une classe de médicaments fréquemment prescrite
Les anticholinergiques sont un type de neurotransmetteur essentiel à la mémoire. Ils inhibent ainsi les impulsions nerveuses parasympathiques, qui sont impliquées dans de nombreux mouvements musculaires involontaires, tels que ceux du tractus gastro-intestinal et des poumons, et dans les fonctions corporelles comme la salivation, la digestion et la miction.
Pour évaluer leur implication dans la dégénérescence cognitive, les chercheurs ont mené des recherches sur 698 adultes d’une moyenne d’âge de 74 ans. Au début de l’étude, aucun participant n'avait de problèmes cognitifs ou de mémoire. Chacun des participants a indiqué s'il prenait ou non des médicaments anticholinergiques : c’était le cas d’un tiers d’entre eux, avec une moyenne de 4,7 médicaments anticholinergiques par personne. Ils ont subi des tests cognitifs annuels complets pendant une période pouvant aller jusqu'à 10 ans.
Ceux qui prenaient au moins un médicament anticholinergique au départ auraient 47% plus de risques de développer une légère déficience cognitive, qui est souvent un précurseur de la maladie d’Alzheimer.
Une augmentation significative du risque
Les scientifiques ont également cherché à savoir si les participants avaient des biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer dans leur liquide céphalorachidien, tels que certains types de protéines, ou un facteur de risque génétique identifié. Ils ont constaté que les participants qui avaient des biomarqueurs d’Alzheimer et qui prenaient des médicaments anticholinergiques avaient quatre fois plus de risques de développer une déficience cognitive légère que les personnes ne présentant pas de biomarqueurs et ne prenant pas les médicaments.
De même, les personnes présentant un risque génétique de la maladie d’Alzheimer et qui prenaient des médicaments anticholinergiques avaient environ 2,5 fois plus de risques de développer une déficience cognitive légère.
D'autre travaux sont nécessaires
"Nous pensons que cette interaction entre les médicaments anticholinergiques et les biomarqueurs du risque de maladie d'Alzheimer agit de manière doublement positive, avance Alexandra Weigand, principale autrice des travaux. Dans le premier cas, les biomarqueurs d'Alzheimer indiquent que la pathologie a commencé à s'accumuler et à dégénérer dans une petite région appelée le cerveau antérieur basal qui produit la substance chimique acétylcholine, qui favorise la pensée et la mémoire. Dans le second cas, les médicaments anticholinergiques épuisent encore plus les réserves d'acétylcholine du cerveau. Cet effet combiné a un impact très important sur la pensée et la mémoire d'une personne."
Des travaux supplémentaires sont désormais nécessaires pour examiner les effets cérébraux et cognitifs des médicaments anticholinergiques et pour savoir si ces médicaments accélèrent les changements cognitifs liés à l'âge ou s'ils conduisent directement à la maladie d’Alzheimer. Dans tous les cas, ces résultats indiquent qu’il est nécessaire de réduire la consommation d’anticholinergiques, en particulier pour les personnes présentant un risque de développer une maladie neurodégénérative. "Il est important pour les personnes âgées qui prennent des médicaments anticholinergiques de consulter régulièrement leur médecin et de discuter de l'utilisation et des dosages des médicaments", conclut Alexandra Weigand.











