Deux classifications pré-obésité clinique et obésité
Pour pallier à ces insuffisances, une Commission internationale (notamment via The Lancet ) a récemment proposé une nouvelle définition de l'obésité, articulée autour d'un concept centré sur l'excès de tissu adipeux (body fat ) plutôt que sur un simple rapport poids/taille. Cette définition distingue deux catégories principales : la pré-obésité clinique (présence d'adiposité excessive sans atteinte fonctionnelle ou organique avérée) et l'obésité clinique (adiposité associée à des signes d'atteinte d'organe ou à une limitation importante des activités de la vie quotidienne). L'excès de graisse corporelle dans cette nouvelle perspective serait défini au minimum par deux mesures anthropométriques – par exemple IMC plus circonférence de la taille ou ratios taille/hanche ou taille/hauteur – ou par des mesures directes via l'imagerie corporelle de type absorption biphotonique à rayons X. Cette proposition a été immédiatement contestée par l'Association européenne pour l'étude de l'obésité qui redoute un retard à la prise en charge liée à la plus grande complexité du diagnostic.
Puis ce fut au tour de l'Association américaine d'endocrinologie clinique de proposer en septembre dernier une nouvelle définition. L'obésité serait une maladie chronique liée à l'adiposité et due à des modifications neurohormonales générées par l'accumulation de graisses. Plutôt que distinguer l'obésité préclinique de l'obésité clinique, la conférence de consensus américain a adopté un système de classification reposant sur les niveaux de gravité des maladies chroniques liées à l'adiposité (syndrome métabolique, diabète de type 2, dyslipidémies, hypertension, apnée du sommeil, maladies articulaires dégénératives, etc.). Dans le stade 1, le patient serait exempt de maladie métabolique mais avec des résultats biologiques perturbés. Dans le stade 2, une complication légère à modérée de l'obésité aurait été enregistrée avec un impact sur les activités quotidiennes. Dans le stade 3, la complication serait sévère avec la prise en charge de pathologies graves, de type insuffisance cardiaque, cirrhose.
L'adiposité, La maladie
Alors que l'obésité est un fleau mondial, les spécialistes s'écharpent encore sur une définition consensuelle. Certes, ces nouveaux modèles incitent à une prise en charge intégrée et personnalisée qui repose sur un changement de paradigme : appréhender l'obésité non plus seulement avec un indice évaluant un poids élevé par rapport à la taille, mais comme une maladie, l'adiposité caractérisée par une physiopathologie mesurable et des conséquences cliniques objectivables.
Cependant, elle soulève également plusieurs enjeux pour les systèmes de santé. L'augmentation de la prévalence pourrait conduire à une demande plus importante de dépistage, de conseils nutritionnels, de programmes de réduction de poids ou de traitements pharmacologiques. Elle pose également la question de la faisabilité de l'intégration systématique de mesures anthropométriques plus complexes en pratique courante, ainsi que celle de l'adaptation des critères d'éligibilité aux traitements de l'obésité.
En conclusion, cette étude soutient l'idée qu'une définition plus intégrée de l'obésité optimiserait la détection des individus réellement à risque. Et contribuerait à une prise en charge plus ciblée. Si elle venait à être adoptée dans les recommandations internationales, elle transformerait probablement les pratiques cliniques et la politique de santé publique en renforçant l'importance de l'évaluation qualitative, plutôt que strictement pondérale de l'adiposité.











