Cardiologie
Elle fait un arrêt cardiaque pendant son accouchement
À l’hôpital, le cœur d’une femme s’est arrêté juste avant de donner naissance à son fils. Il s’agit du premier signe d’une embolie amniotique.
- Par Geneviève Andrianaly
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- Nimito/iStock
Elle s’attendait à vivre l'un des plus beaux jours de sa vie, mais celui-ci tourne au cauchemar. Kayleigh Summers, psychothérapeute, tombe enceinte en 2018, un an après s’être mariée. Celle, qui a toujours rêvé de devenir maman, vit une grossesse sans complication. Cependant, peu de temps après le terme, sa tension artérielle s’est révélé être élevée. "Résultat : direction les urgences", raconte-t-elle au magazine People. Sur place, les médecins décident rapidement de déclencher l'accouchement, car ils craignent une hypertension gestationnelle.
Accouchement : "Mon cœur s'est arrêté, j'ai cessé de respirer"
Après environ deux jours et demi, la patiente est finalement dilatée à 10 centimètres et prête à pousser. Mais, à ce moment-là, elle sent que quelque chose ne va pas et informe son mari et l’infirmière. Elle jette un coup d'œil à ses constantes et "j'ai commencé à crier que j'avais un problème au cœur, et quelques secondes plus tard, j'ai fait un arrêt cardio-respiratoire. Mon cœur s'est arrêté, j'ai cessé de respirer." Cet événement est "rare au cours ou au décours de l’accouchement", selon une étude publiée dans la revue Le Praticien en Anesthésie Réanimation. "Si l'arrêt cardiaque de la mère ne se résout pas sous l'effet d'autres interventions de réanimation, l'accouchement opératoire (appelé césarienne périmortem ou hystérotomie de réanimation) est recommandé à 4 minutes avec un accouchement du fœtus dans les 5 minutes. L'accouchement entraîne une autotransfusion du sang dans les veines myométriales et l'utérus évacué ne limite plus le retour veineux. L'accouchement peut être critique pour la survie d'une patiente enceinte et d'un fœtus qui a un âge gestationnel viable", indique le Manuel MSD.
"Mon fils est né six minutes après l'alerte médicale"
Dans ce cas, une intervention rapide est nécessaire pour sauver la mère et l’enfant. Très vite, les professionnels de santé sont intervenus. "Ils m'ont donc emmenée au bloc opératoire et ont continué la réanimation cardio-respiratoire. Mon fils est né six minutes après l'alerte médicale, ce qui est un véritable exploit médical", confie Kayleigh, qui accouche ainsi par césarienne. Problème : le bébé est inconscient. L'équipe de soins intensifs néonatals le réanime donc puis le transfère directement en néonatologie. En parallèle, les praticiens continuent la réanimation cardio-respiratoire pour la mère. Pendant que l'obstétricien la recoud, ils réussissent à rétablir son pouls et découvrent qu'elle souffrait probablement d'une embolie amniotique, une complication obstétricale imprévisible. "Le premier signe peut être un arrêt cardiaque soudain. D'autres patientes développent soudainement une dyspnée, une tachycardie, une tachypnée et une hypotension. L'arrêt respiratoire, avec cyanose significative, hypoxie et crépitements pulmonaires, suit souvent rapidement. Le risque de mortalité est élevé", peut-on lire dans le Manuel MSD.
Face à cette suspicion, la gynécologue s’est préparée à une éventuelle coagulation intravasculaire disséminée (CIVD ) et déclenche un protocole de transfusion massive. "J’ai souffert d’une forme grave de CIVD. Alors que mon équipe s'efforçait de me transfuser le sang aussi vite que possible, il s'écoulait tout aussi rapidement, et j'ai malheureusement subi un deuxième arrêt cardiaque. La réanimation cardio-respiratoire a donc été reprise." Très inquiets, les médecins décident de faire appel à un autre établissement. Elle est placée sous oxygénation par membrane extracorporelle, la forme la plus avancée de maintien en vie, et est transférée pour une hystérectomie en raison de l'importante perte de sang.
"Une minuscule éolienne pour soulager mon cœur et lui permettre de se reposer"
Malgré les différentes interventions, son cœur ne se remet pas à battre. Dernière option : l'Impella CP, la plus petite pompe cardiaque au monde. "Mon médecin a décrit le dispositif à ma famille comme une minuscule éolienne qui remonterait par mon artère fémorale jusqu'à mon ventricule gauche pour soulager mon cœur et lui permettre de se reposer et, espérons-le, de récupérer. Elle leur a expliqué que si cela ne fonctionnait pas, il n'y aurait malheureusement plus d'options." Le lendemain, le dispositif est posé. Par la suite, son état s’améliore. "Quatre jours après mon embolie, j'ai été extubée. Le cinquième jour, j'ai pu rencontrer mon fils, Callahan, pour la première fois. Et le sixième jour, j'ai appris pour la première fois tout ce qui m'était arrivé." Durant son hospitalisation, dont la durée était de 14 jours au total, la mère est transférée dans une unité de soins intensifs à une autre et subit cinq interventions chirurgicales abdominales. Bien que la douleur physique soit intense, Kayleigh déclare que sa santé mentale a pris un plus gros coût. "J'avais l'impression de ne pas pouvoir dormir, car si je m'endormais, je ne me réveillerais plus. Cet événement s'était produit alors que j'étais en pleine santé, et soudain, je me retrouvais à l'article de la mort. Il m'était donc très difficile de croire que cela n'allait pas se reproduire." Un an plus tard, elle n'a connu aucune complication à long terme, hormis une intervention chirurgicale corrective pour une hernie incisionnelle. Aujourd’hui, six ans après cet événement rare, son cœur fonctionne à nouveau parfaitement. Grâce à l'Impella CP, sa récupération a été si rapide qu'elle a pu conserver son propre cœur.







