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Journée mondiale de l’AVC : un traitement “deux en-un” détecte et dissout les micro-caillots
À l’occasion de la journée mondiale de l’AVC organisée ce mercredi 29 octobre 2025, des chercheurs de l’université de Caen Normandie présentent le nouveau traitement qu’ils ont développé pour améliorer la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, première cause de handicap acquis de l’adulte.
- Par Sophie Raffin
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- Alena Butusava/istock
Chaque année, 150.000 nouveaux cas d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) surviennent par an en France. Leur prise en charge qui doit être rapide et précise pour limiter les risques, n'est pas toujours simple. Les chercheurs de l’université de Caen Normandie ont développé un nouveau traitement qu’ils pourraient justement l'améliorer. Présenté dans la revue Theranostics, il permet à la fois de détecter et de dissoudre les micro-caillots invisibles responsables d’une partie des séquelles post-AVC.
AVC : un traitement qui réduit les risques de séquelles
Pour lutter contre les conséquences de l'AVC, les chercheurs dirigés par Denis Vivien et Thomas Bonnard (Inserm) ont développé un agent "théranostique" qui vise les micro-caillots. Contraction de thérapie et diagnostic, cette approche combine à la fois la détection d’une maladie et son traitement.
Baptisé "IO@PDA@tPA", ce nouvel outil associe des microparticules d’oxyde de fer biodégradables et biocompatibles (qui sont visibles en IRM), un revêtement de polydopamine (version synthétique de la colle naturelle des moules qui cible naturellement les caillots) et le médicament de référence pour dissoudre les caillots : le tPA. Cela lui permet de repérer et de dissoudre les micro-caillots sanguins qui peuvent persister après un AVC. Or, ces derniers sont responsables de l’obstruction de la microcirculation cérébrale et de l'aggravation des lésions.
Les tests effectués chez la souris se sont montrés concluants. "Ce nano-agent a permis : de visualiser les micro-thrombi en temps réel grâce à l’IRM, de les dissoudre efficacement avec une dose de tPA quatre fois moindre que dans le traitement standard, de réduire significativement la taille des lésions cérébrales et d’accélérer la récupération fonctionnelle sans risque accru d’hémorragie", précise l’équipe dans son communiqué.
"Cette étude démontre qu’il est possible de combiner imagerie moléculaire et traitement dans une même approche. Elle ouvre une perspective nouvelle : celle d’une médecine de précision de l’AVC dans laquelle les cliniciens pourraient simultanément voir, mesurer et traiter les obstructions cérébrales. Cette approche pourrait transformer la prise en charge de l’AVC, en permettant de traiter plus de patients, plus tôt, et de suivre en direct l’efficacité du traitement", explique Denis Vivien, professeur à l’Université de Caen Normandie et directeur de l’unité PhIND (Inserm / UNICAEN / CHU de Caen / Cyceron).Agent théranostique pour les AVC : un espoir pour les patients fragiles ou diabétiques
Par ailleurs, limiter l’utilisation du tPA est un autre avantage de l’agent théranostique, selon les chercheurs. En effet, ce médicament, qui dissout les caillots, peut fragiliser les vaisseaux sanguins et provoquer une hémorragie intracérébrale, surtout à forte dose ou chez les patients fragiles comme les diabétiques, les hypertendus et les personnes âgées. Ainsi, moins de 20 % des personnes victimes d’un AVC peuvent le recevoir, car la dose standard est jugée trop risquée. "Ainsi, un traitement efficace à faible dose permettrait de soigner plus de patients, plus tôt et plus sûrement", ajoutent les chercheurs. Et c’est le cas avec "IO@PDA@tPA".
Les tests effectués sur des souris diabétiques ont montré qu’il a "une efficacité comparable au tPA tout en éliminant le risque d’hémorragie intracérébrale".
“Cette approche ciblée ouvre la voie à une thrombolyse plus sûre, potentiellement applicable à un plus grand nombre de patients”, conclut Denis Vivien.







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