Poids
Obésité, diabète : la chirurgie bariatrique en comprimé ?
Des chercheurs américains ont développé un comprimé à prendre quotidiennement, qui simule les effets de la chirurgie bariatrique et des barrières intestinales.
- Par Geneviève Andrianaly
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- Olivier Le Moal/iStock
En cas d’obésité sévère avec des pathologies associées, comme le diabète, la chirurgie bariatrique peut être proposée. Cette opération, qui aide à perdre du poids, améliore le métabolisme et le contrôle de la glycémie, consiste à modifier l’anatomie du système digestif, et plus particulièrement celle de l’estomac, pour limiter la quantité d’aliments consommés et leur assimilation. Mais comme toute intervention chirurgicale, elle comporte des risques, allant de complications mineures à graves, notamment des infections, des hémorragies et des occlusions intestinales. "De plus, c'est une procédure très coûteuse", a souligné Ashish Nimgaonkar, gastro-entérologue à l'hôpital Johns Hopkins (États-Unis) et professeur adjoint à la faculté de médecine.
"Le duodénum s'avère être l'un des organes les plus importants dans la régulation métabolique"
Chez les patients diabétiques, la chirurgie de référence est le bypass gastrique, qui vise à réduire la taille de l'estomac et à le relier plus loin dans l'intestin grêle, en contournant la première section d'environ 30 centimètres de l'intestin, appelée duodénum. "Le duodénum s'avère être l'un des organes les plus importants dans la régulation métabolique", a expliqué la spécialiste. Le passage des aliments dans le duodénum peut déclencher une signalisation nerveuse et métabolique qui affecte la glycémie et, en fin de compte, le poids corporel. Chez les personnes souffrant de diabète de type 2, cette signalisation duodénale est anormale. Afin de bloquer cette signalisation, une alternative émergente à la chirurgie bariatrique traditionnelle consiste à implanter par endoscopie une barrière physique sur le duodénum, une sorte de manchon en plastique. "Mais cette approche présente également des risques de complications chirurgicales, et les barrières ne sont pas permanentes." Pour pallier ce problème, la professeure et son équipe de chercheurs de l’université Johns Hopkins ont créé une start-up de biotechnologie afin de développer une solution innovante une méthode non invasive pour simuler les effets de la chirurgie bariatrique. Ces derniers ont mis au point un comprimé, appelé GL200, à prendre tous les jours. Il crée un revêtement polymérique temporaire bloquant la signalisation le long du duodénum. "Un défi majeur consistait à faire en sorte que le polymère résiste à l'environnement très acide de l'estomac tout en conservant ses propriétés thérapeutiques. Nous avons conçu le médicament de manière à ce qu'il soit complètement soluble et de même viscosité que l'eau lorsqu'il arrive dans l'estomac. Mais dès qu'il atteint le duodénum, le pH plus élevé active le médicament", a expliqué Ashish Nimgaonkar.Diabète : un comprimé à libération de polymère mis au point
"Un impact positif sur la glycémie comparable à celui des interventions chirurgicales"
Le comprimé développé par les scientifiques américains a fait l'objet de trois essais cliniques chez les êtres humains. Résultat : il s'est avéré bien toléré par les patients, traversant leur tube digestif sans être absorbé dans la circulation sanguine. "Les premiers essais menés auprès de patients diabétiques ont montré un impact positif sur la glycémie, comparable à celui des interventions chirurgicales. On a constaté une amélioration significative de la glycémie, à jeun et après les repas", peut-on lire dans le communiqué de l’université. Dans de futurs essais cliniques beaucoup plus vastes et plus longs, impliquant jusqu'à 6.000 adultes diabétiques pendant un an ou plus, les auteurs vont tenter de démontrer son efficacité et sa sécurité.








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