Allergies
La lumière UV peut désactiver les allergènes en 30 minutes
Des lampes UV fixées au plafond peuvent permettre de neutraliser les allergènes comme les poils d'animaux ou les acariens.

- Par Mégane Fleury
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- Vladimir Volovodov/ISTOCK
Les yeux gonflés, la peau qui gratte et la respiration qui devient difficile. Ces symptômes sont connus des personnes allergiques. Ils apparaissent lorsqu’elles sont en contact avec les allergènes, et ils peuvent s’aggraver en cas d’exposition répétée. Or, il n’est pas toujours possible d’éviter ces substances, car elles peuvent persister dans les intérieurs. Dans la revue Cells, des scientifiques expliquent avoir découvert une méthode pour les désactiver : les ultra-violets. Selon leurs conclusions, la lumière UV peut neutraliser les allergènes en suspension dans l'air en 30 minutes.
Pourquoi les allergènes persistent dans les environnements intérieurs ?
"Nous avons découvert qu'un traitement passif par rayons ultraviolets, généralement sans danger, permet d'inactiver rapidement les allergènes en suspension dans l'air, explique Tess Eidem, autrice de l'étude et chercheuse au Département de génie civil, environnemental et architectural de l’université du Colorado Boulder. Nous pensons que cela pourrait être un outil supplémentaire pour aider les gens à lutter contre les allergènes à la maison, à l'école ou dans d'autres lieux où ils s'accumulent à l'intérieur."
La scientifique rappelle que les méthodes classiques pour se débarrasser des allergènes sont souvent limitées, et finissent par ne plus fonctionner : passer l’aspirateur, utiliser un système de filtration de l’air ou laver les murs. Pour le comprendre, il faut décrypter la réaction allergique. Elle apparaît en réaction à l’exposition à des particules de protéine, émises par l’allergène. Dans le cas d’un chat par exemple, elle peut être produite dans la salive. "Cette protéine se propage lorsqu'il se lèche et se transforme en microscopiques pellicules de peau morte flottant dans l'air, appelées squames, explique la chercheuse. Lorsque nous inhalons ces particules, notre système immunitaire produit des anticorps qui se lient à la structure 3D unique de la protéine, déclenchant ainsi une réaction allergique." Ainsi, en ce qui concerne les chiens, les souris, les acariens, les moisissures et les plantes, il est impossible de supprimer l’allergène. "C'est pourquoi, si vous secouez un tapis, vous pouvez avoir une réaction des années plus tard", indique-t-elle.
La lumière UV peut modifier les protéines liées aux allergènes
Pour désactiver les allergènes, Tess Eidem et son équipe ont travaillé directement sur ces protéines. Au lieu de les supprimer, ils ont cherché à modifier leur structure afin que le système immunitaire ne les reconnaisse pas. "Si votre système immunitaire est habitué à un cygne et que vous dépliez la protéine pour qu'elle ne ressemble plus à un cygne, vous ne développerez pas de réaction allergique", développe-t-elle. Or selon elle, la lumière UV peut avoir cette action.
Lumière UV : une réduction significative des niveaux d'allergène en 30 minutes
L'équipe a injecté des allergènes microscopiques en aérosol provenant d'acariens, de squames d'animaux, de moisissures et de pollen dans une pièce vide et étanche de 106 m³. Ils ont ensuite allumé quatre lampes UV222 de la taille d'une boîte au plafond et au sol. L’analyse d’échantillons d’air, réalisée toutes les dix minutes, a permis d’observer des différences significatives avec l’air non-traité. "Dans les échantillons traités, l'immuno-reconnaissance était réduite, ce qui signifie que les anticorps ne reconnaissaient plus de nombreuses protéines et s'y fixaient", précisent les auteurs. Au bout de 30 min, les niveaux d'allergènes en suspension dans l'air ont diminué de 20 % à 25 % en moyenne.
Pour Tess Eidem, ce type de dispositif pourrait être développé dans des versions portables, en comparaison aux versions industrielles disponibles aujourd’hui. "Les crises d'asthme tuent environ 10 personnes chaque jour aux États-Unis et sont souvent déclenchées par des allergies aériennes, précise-t-elle. Il est crucial de développer de nouveaux moyens de prévenir cette exposition."