Réseaux sociaux
Cerveau : peut-on vraiment se désintoxiquer de la dopamine ?
La mode de la "dopamine detox" sur les réseaux sociaux promet de réinitialiser le cerveau en 24 heures. Une tendance virale qui repose sur une idée fausse. Mais il existe d’autres solutions pour se déshabituer des récompenses trop immédiates.

- Par Stanislas Deve
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- mesh cube / istock
Sur les réseaux sociaux, les conseils pour "réinitialiser" son cerveau à coups de "jeûnes de dopamine" ou de vie sans distractions (écrans, livres, musiques...) se multiplient. L’objectif ? Rompre avec la stimulation constante du quotidien pour retrouver une forme de bien-être mental. Mais est-ce vraiment possible de se désintoxiquer de la dopamine, parfois appelé l’hormone du plaisir ? C’est la question posée par la psychologue clinicienne Anastasia Hronis, professeure à la la Graduate School of Health de l’Université de technologie de Sydney (UTS), en Australie, dans un article publié par The Conversation.
Des vies saturées de stimuli
La dopamine est un neurotransmetteur clé dans notre cerveau, lié au plaisir, à la motivation, au mouvement et au sommeil. Contrairement à l'alcool ou aux drogues, on ne peut pas l'éliminer de notre corps : "Une détoxication implique d'éliminer une substance chimique de votre corps... Dans le cas de la dopamine, c’est impossible !", rappelle la chercheuse. Sans dopamine, "nous ne pourrions tout simplement pas fonctionner, et encore moins rester en vie". Notre quotidien est aujourd’hui saturé de micro-récompenses : scrolling infini, notifications incessantes, friandises... Une stimulation permanente qui maintient notre cerveau dans une quête de "toujours plus" juste pour nous sentir "normal". D'où l'idée de faire une pause, souvent de 24 heures, sans réseaux, jeux vidéo ou sucre. Ce type de "détox du plaisir" provoque souvent un inconfort : envies impérieuses, anxiété, irritabilité... Certains y voient la preuve qu'ils "réinitialisent" leur cerveau. Pourtant, "la plupart des gens ne ressentent aucune amélioration significative et durable après un ou deux jours d'abstinence", souligne Anastasia Hronis. En effet, "la régulation de la dopamine est un processus complexe" qui ne se remet pas à zéro en 24 heures.Une illusion de réinitialisation ?
Pas de bouton magique
Plutôt que de viser un "reboot" total (qui est impossible), mieux vaut réapprendre à apprécier les activités qui boostent lentement la dopamine : projets créatifs, apprentissage, sport, interactions humaines... Ces expériences "peuvent activer les circuits de la dopamine, ainsi que la libération d'autres neurotransmetteurs comme l'ocytocine et la sérotonine", autres hormones associées à la bonne humeur.
"Il n'existe pas de bouton de réinitialisation pour le système dopaminergique du cerveau", rappelle la psychologue. En revanche, chacun peut faire le choix de réduire les récompenses immédiates pour cultiver des plaisirs plus durables.Il est impossible de "désintoxiquer" son cerveau de la dopamine, une molécule vitale.
Les détox de 24 heures ne produisent pas de changement durable.
Se tourner vers des plaisirs plus lents et profonds est une approche plus efficace.