Neurologie
Harcèlement : comment l’intimidation agit sur le cerveau
Une étude révèle que le harcèlement, même observé de loin, déclenche instantanément un état d’alerte dans le cerveau. Ces réactions neurologiques intenses peuvent avoir des conséquences durables sur la santé.

- Par Stanislas Deve
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Des cris, des regards désobligeants, une humiliation en public... Le harcèlement, bien que souvent banalisé, provoque des réactions immédiates dans notre cerveau. Une étude réalisée à l'université de Turku, en Finlande, et publiée dans la revue JNeurosci, apporte un éclairage inédit sur les effets neurologiques du harcèlement, même lorsqu'on en est simple témoin.
Un cerveau en alerte
Sous la direction des chercheurs Birgitta Paranko et Lauri Nummenmaa, des participants âgés de 11 à 14 ans ainsi que des adultes ont regardé des vidéos filmées en vue subjective, montrant soit des scènes de harcèlement, soit des interactions sociales positives. Résultat ? Chez tous les spectateurs, le harcèlement a déclenché un état d'alerte gênant, activant les réseaux sociaux et émotionnels du cerveau, ainsi que les mécanismes automatiques de réponse à la menace.
En analysant les mouvements oculaires et la dilatation des pupilles d'un autre groupe d'adultes, les chercheurs ont constaté une attention plus marquée et des réactions émotionnelles plus fortes face aux scènes de harcèlement. Ces réactions étaient encore plus intenses chez les personnes ayant déjà été victimes de harcèlement dans leur vie.
Cartographier les voies de la détresse dans le cerveau
"Nous avons cartographié les voies de la détresse dans le cerveau qui peuvent être activées immédiatement lorsqu'une personne est harcelée", explique Lauri Nummenmaa dans un communiqué. "Nous avons montré que cet état d'alerte permanent est dangereux pour la santé mentale et physique, en raison de l'activation excessive du système nerveux autonome."Cette étude montre que même un visionnage passif d'une scène de harcèlement peut provoquer un stress neurologique véritable. Cela renforce l'idée que le harcèlement, au-delà de ses conséquences psychologiques visibles, agit aussi comme un traumatisme neurologique. Pour les victimes passées, chaque nouvelle exposition peut raviver les blessures et entretenir un état de tension chronique. Une raison de plus pour agir préventivement, en milieu scolaire comme professionnel, afin de limiter l'exposition à ces situations toxiques.