Dépistage
Risque de démence : un scanner oculaire alimenté par l’IA peut le prédire
Grâce à un scanner oculaire associé à l’intelligence artificielle, des chercheurs ont réussi à prédire le risque de démence jusqu’à douze ans avant les premiers symptômes.

- Par Diane Cacciarella
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- Ivan-balvan/iStock
Cette découverte pourrait révolutionner le dépistage de la démence. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia: The Journal of the Alzheimer's Association, des chercheurs ont mis au point un nouvel outil capable de prédire le risque de développer une démence jusqu’à douze ans avant les premiers symptômes.
Un biomarqueur numérique capable d’évaluer le risque de démence
Ce nouvel outil, appelé RetiPhenoAge, est un biomarqueur numérique. Il est la combinaison d’un scanner oculaire et de l’intelligence artificielle : le premier fournit les clichés que le second analyse. Ainsi, RetiPhenoAge peut estimer l’âge biologique de la rétine et évaluer le risque de démence.
Cette méthode, jugée “non invasive” par le professeur Ching-Yu Cheng, l’un des auteurs, peut “aider les médecins à identifier les personnes à risque de déclin cognitif ou de démence, avant l'apparition des symptômes, permettant ainsi des interventions plus ciblées”, indique-t-il dans un communiqué.
Les scientifiques ont soumis leur nouvel outil à plusieurs tests. Pour le premier, RetiPhenoAge a dû analyser les données de plus de 500 participants inclus dans des études sur la mémoire, menées à Singapour. Résultats : d’après le biomarqueur numérique, ceux qui avaient un âge biologique rétinien plus élevé présentaient un risque supérieur - jusqu’à 40 % - d’être atteint de déclin cognitif ou de démence dans les cinq années à venir.
Prédire le risque jusqu’à 12 ans avant les premiers symptômes
Lors du second test, RetiPhenoAge a cette fois dû analyser les informations de santé de 33.000 personnes issues de la UK Biobank, une vaste base de données issue d’une étude menée sur le long terme. Ici encore, le biomarqueur numérique a montré son efficacité : RetiPhenoAge a réussi à prédire le risque de souffrir de démence jusqu’à 12 ans avant les premiers symptômes, montrant également que le vieillissement rétinien était bien associé à la neurodégénérescence.
“Face à l'augmentation du nombre de cas de démence dans le monde, nous avons un besoin urgent d'outils capables de dépister [la maladie] et faciles à déployer à grande échelle, souligne le Pr Christopher Chen, autre auteur de l’étude. RetiPhenoAge pourrait constituer une solution clé pour un dépistage efficace et abordable au niveau de la population. Ces résultats nous rapprochent du développement de méthodes de dépistage simples et peu coûteuses, pouvant être intégrées aux bilans de santé de routine, afin de permettre une détection plus précoce du risque de démence et un accompagnement adapté.”
Chaque année, il y a près de 10 millions de nouveaux cas de démence dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour l’instant, il n’existe ni traitement curatif, ni moyen de dépistage. Les seules solutions proposées aux patients, une fois le diagnostic posé, visent à diminuer les symptômes et améliorer la qualité de vie. Selon les estimations de l’OMS, le nombre de personnes atteintes de démence devrait atteindre 78 millions en 2030 et 139 millions en 2050.