Chirurgie

Epaule douloureuse : pas de réparation de coiffe en cas d’infiltration récente

Chez les patients souffrant d’une douleur de l’épaule en rapport avec une rupture de la coiffe des rotateurs, la chirurgie réparatrice n’est possible qu'au-delà d’un mois après une infiltration de corticoïdes dans l'épaule, sous peine d’infection postopératoire.

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  • 19 Avril 2019
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    Le risque d’infection dans les suites d'une réparation arthroscopique de la coiffe des rotateurs serait 65 à 75 % plus élevé lorsque les patients ont eu une infiltration de l'épaule dans le mois précédant l'intervention chirurgicale. Par contre, l'étude ne révèle aucune augmentation du risque d'infection lorsque les infiltrations de corticoïdes sont réalisées à un autre moment au cours de l'année précédant la chirurgie.

    C’est ce que rapporte une étude rétrospective sur 60 000 malades parue dans le Journal of Bone & Joint Surgery. Le délai minimal nécessaire pour que ces infiltrations n'augmentent pas le risque d'infection lors de l’intervention est donc d’un mois. Un délai de moins d’un mois se rajoute aux autres facteurs de risque classique d’infections postopératoires (diabète, obésité, tabagisme…).

    Un risque variable avec le délai

    Si on prend en compte l’année précédant la chirurgie, le taux global d'infection est presque identique entre les 2 groupes : 0,7 % chez les patients qui avaient eu une infiltration de l'épaule au cours de l'année précédant la chirurgie et 0,8 % chez ceux qui n’en avaient pas eue.

    Cependant, chez les patients qui avaient reçu une infiltration de corticoïdes un mois ou moins avant la chirurgie, le taux d'infection est significativement plus élevé que dans le groupe témoin : 1,3 pour cent. Les injections reçues à tout autre délai au cours de l'année précédant la réparation de la coiffe des rotateurs (de deux à 12 mois) n'ont pas modifié le risque d'infection postopératoire.

    Large étude rétrospective

    L'étude a analysé les données d'une base de données d'assurance avec plus de 60 000 patients ayant subi une chirurgie arthroscopique de réparation de coiffe. Environ 12 000 patients avaient eu une infiltration de corticoïdes au cours de l'année précédant la chirurgie. Les 48 000 autres patients n’avaient reçu aucune injection à l'épaule pendant cette période et ont servi de témoins.

    Après ajustement pour tenir compte d'autres facteurs confondants, une infiltration de corticoïdes au cours du mois précédant l'intervention chirurgicale est le facteur prédictif le plus important d'infection postopératoire. Les autres facteurs de risque identifiés concordent avec les résultats des études antérieures : sexe masculin, tabagisme, obésité et diabète.

    Des déchirures fréquentes

    Les déchirures de la coiffe des rotateurs touchent plus de 30 % de la population, qu'elles soient d'origine traumatiques ou dégénératives. Les infiltrations de corticoïdes peuvent en réduire la douleur et l'inflammation chez les patients souffrant de douleurs en rapport avec une déchirure de la coiffe des rotateurs d'origine dégénérative, en association avec la rééducation. Si ce traitement et d'autres traitements conservateurs, comme la physiothérapie, n'apportent pas une amélioration suffisante, la chirurgie de la coiffe des rotateurs peut être recommandée.

    En raison du risque d'infection, les chirurgiens devraient retarder la réparation de la coiffe des rotateurs chez les patients après une infiltration de corticoïdes dans l’épaule.

    Un ajustement des pratiques

    Pour les chirurgiens orthopédiques, il s'agit d'une information importante, car de nombreux patients ont une période de traitement conservateur avant la chirurgie en cas de déchirure dégénérative de la coiffe des rotateurs et, jusqu'à présent, il y avait peu de données sur les risques d'infection après une injection préopératoire.

    Ces nouveaux résultats suggèrent que le risque d'infection postopératoire n'augmente que chez les patients qui ont reçu une infiltration de corticoïdes dans le mois précédant la chirurgie de la coiffe des rotateurs. Par la suite, le moment des injections à l'épaule semble n'avoir aucun effet sur le risque d'infection.

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