Cardiologie

Rivaroxaban : le BMJ relance le doute sur les résultats de l’étude ROCKET AF

Le BMJ demande une analyse indépendante sur les résultats de l’étude ROCKET AF. Une mesure incorrecte de l’INR dans le bras Warfarine de l’étude jette le doute sur la validité de ses résultats.

  • 06 Février 2016
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    Selon une enquête du BMJ, l’utilisation d’une machine défaillante pour l’évaluation de l’INR dans le bras warfarine de l’étude ROCKET AF, compromettrait potentiellement la validité de ses résultats.

    Le problème est que cette étude, publiée en 2011 dans le New England Journal of Medicine, a montré sur 14 000 malades que le rivaroxaban n’était pas inférieur à la warfarine dans la prévention des accidents vasculaires cérébraux ischémiques et des embolies. Il n’y avait, par ailleurs, pas de différence entre les groupes rivaroxaban et warfarine de l’étude ROCKET AF en termes de saignement intra-crâniens !

    Une mesure critique

    Or, l’AMM du rivaroxaban dans la prévention des AVC ischémiques et des embolies a été donnée sur la foi des résultats de cette seule étude, alors que l’outil de mesure utilisé (Alere INRatio Monitor System) pouvait conduire à significativement sous-estimer l’INR de la warfarine. Cette sous-estimation de l’INR pouvait conduire les médecins à donner des doses plus importante de warfarine chez certains malades : en clair à augmenter artificiellement le risque d’accidents hémorragiques dans le bras warfarine et à présenter le rivaroxaban comme plus sûr.

    Une ré-analyse des résultats

    Lorsque le défaut de fonctionnement de l’outil de mesure de l’INR a été identifié, les laboratoires Johnson and Johnson et Bayer ont conduit des investigations complémentaires qui ont amené à la conclusion que ces défaillances ne remettaient pas en cause la validité des résultats de l’étude ROCKET AF. Cette analyse a été faite par d’autres statisticiens et soumise à un comité scientifique différent de celui de l’étude ROCKET AF.

    L’ensemble des résultats a été communiqué aux agences de régulations (EMEA et FDA) où ils y ont été investigués. Le 5 février 2016, l’EMEA déclare dans un communiqué de presse que les défauts de mesures ne changeaient pas les conclusions de l’étude.

    Un manque de transparence

    Mais cela ne semble pas satisfaire le BMJ, ainsi que d’autres experts, qui demandent une communication publique et exhaustive des données de l’étude afin qu’elles soient revues et ré-analysées de façon strictement indépendante.

    Cette histoire souligne parallèlement une brèche dans la qualité des études avec un défaut de transparence pour les différents outils de mesure utilisés dans ces études, alors qu’ils sont critiques lorsque l’on évalue des effets thérapeutiques ou des tolérances.

     

    Les laboratoires Pfizer, BMS et Daichii-Sankyo qui commercialisent d’autres anticoagulants directs ont répondu aux questions du BMJ et l’outil de mesure de l’INR dans leurs études est différent de celui de l’étude ROCKET AF et n’a pas présenté de défaut de fonctionnement.

     

    Cohen D. Rivaroxaban: Can we trust the evidence? BMJ 2015; DOI:10.1136/bmj.i575.

    Patel MR, Hellkamp AS, Fox KAA. Point-of-care warfarin monitoring in the ROCKET AF trial. N Engl J Med 2015; DOI:10.1056/NEJMc1515842.

    European Medicines Agency. EMA concludes defective device in ROCKET study does not impact Xarelto's safety. February 5, 2016.

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