Pneumologie
Pleurésies malignes récidivantes: intérêt de l’association d’un talcage pleural par thoracoscopie et d’un drain tunnelisé à demeure
Les pleurésies malignes récidivantes nécessitent une prise en charge complexe qui nuit à la qualité de vie et au maintien à domicile des patients. La combinaison d’un talcage pleural et de la pose d'un drain thoracique à demeure, dans le même temps interventionnel, permet de raccourcir les durées d’hospitalisation et de drainage thoracique à domicile. D’après un entretien avec Philippe ASTOUL.

Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2025, dans la revue Respiratory Medicine Research, a cherché à évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’association d’un talcage pleural par thoracoscopie médicale et la mise en place d’un drain thoracique à demeure (cathéter pleural tunnelisé) dans le même temps opératoire chez des patients présentant un épanchement pleural malins récidivants. Il s’agit d’une étude française de faisabilité au cours de laquelle 25 patients atteints d’épanchement pleural malin récidivant ont bénéficié de cette prise en charge en utilisant la même porte d’entrée thoracique.. Les auteurs ont ensuite analysé les données démographiques, la durée de séjour à l’hôpital, les complications directement liées à la procédure, la qualité de vie des patients, la qualité de la symphyse pleurale et l’efficacité sur la durée du drainage. Les patients ont été suivis sur une durée de 6 mois.
Une pathologie à la prise en charge complexe
Le professeur Philippe ASTOUL, chef du service d'oncologie thoracique, maladies de la plèvre et pneumologie interventionnelle à l'hôpital Nord de Marseille, et co-auteur de ce travail, explique que les pleurésies malignes métastatiques sont fréquentes et nécessitent un traitement complexe, dans l’idéal adapté à chaque situation clinique (et notamment oncologique) qui n’empêche pas les récidives dans 50% des cas. Ces pleurésies malignes et leurs récidives sont corrélées à la survie des patients. Il précise que le liquide nécessite d’être évacué régulièrement pour des raisons de confort du patient mais également oncologiques et que, pour cela, il existe plusieurs méthodes, à adapter au cas par cas. Parmi ces méthodes, on trouve la pose d’un drain thoracique à demeure appelé encore cathéter pleural tunnelisé, qui peut être géré à domicile par des infirmières formées à la technique, selon différentes modalités d’évacuation du liquide pleural, quotidiennement ou en fonction des symptômes. Les inconvénients de cette technique sont liés à la présence d’un corps étranger, la douleur et le risque infectieux. Une autre technique consiste à réaliser une symphyse pleurale par talcage, à l’aide de talc calibré, dans l’idéal par thoracoscopie. L’inconvénient est une hospitalisation plus ou moins prolongée ce qui outre son désagrément pour le patient, augmente le coût de la prise en charge..
Combinaison du talcage et du drain : une option sans aucun doute pertinente
Philippe ASTOUL souligne que les résultats de ce travail ont montré que la combinaison du cathéter pleural tunnelisé et du talcage permettait de raccourcir la durée d’hospitalisation et la durée de drainage à domicile. Ceci est réalisé lors d’une thoracoscopie médicale, qui permet de plus d’explorer de façon rigoureuse la cavité pleurale, de réaliser des biopsies pleurales de bonne qualité. Le talcage est réalisé puis le drain est posé via le même orifice. Le patient ne reste alors que 24 heures en hospitalisation. Il insiste donc sur l’efficacité de ce geste combiné qui diminue le risque de récidive, permet une évaluation pleurale de bonne qualité, raccourcit la durée de drainage, diminue le risque infectieux et donc améliore le confort du patient. Philippe ASTOUL émet simplement la remarque que la perception d’un corps étranger thoracique est différente selon les pays, et qu’il serait judicieux d’évaluer cette question en fonction des approches culturelles par de nouvelles études.
En conclusion, les résultats de ce travail sont positifs et la combinaison du talcage et du drain pleural à demeure est déjà une pratique quotidienne à l’hôpital Nord de Marseille. Son bénéfice ne fait aucun doute et cette pratique doit être diffusée et utilisée dans la plupart des centres car elle modifie considérablement la qualité de vie des patients.