Hématologie
LMC et imatimib : première évaluation à 10 ans d’un traitement ciblé
Chez des malades atteints de LMC traités par un inhibteur de tyrosine-kinase, l’imatinib, comme traitement initial, les analyses d'efficacité et de sécurité à plus de 10 ans de suivi révèlent que de nombreux malades sont encore traités sans toxicité tardive particulière.
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Près de la moitié des patients souffrant de leucémie myéloïde chronique (LMC) qui ont débuté un traitement par imatinib sont toujours sous ce même traitement 10 ans après. Parmi les patients du groupe imatinib, le taux de survie global estimé à 10 ans est de 83,3%. Chez ces malades, qui ont été traités en continu pour la plupart, les effets indésirables graves considérés comme étant liés à l'imatinib sont peu fréquents et se produisent essentiellement au cours de la première année de traitement.
Ce sont les résultats du suivi à très long terme de l’étude IRIS qui sont publiés dans le New England Journal of Medicine.
Un suivi en ouvert à plus de 10 ans
Dans cet essai multicentrique randomisé ouvert, 1106 patients avec une LMC nouvellement diagnostiquée en phase chronique avaient été randomisés entre imatinib ou l’association interféron alfa-cytarabine.
La publication à 18 mois avait objectivé une différence très importante de la réponse cytogénétique complète : 76,2% avec l’imatinib contre 14,5% avec l’association interféron-cytarabine. Ceci avait abouti au switch de 2/3 des patients interféron-cytarabine vers le groupe imatimib après 0,8 ans de suivi en médiane
Les analyses à long terme du groupe imatinib d’emblée (jusqu’à 10,9 ans en médiane) incluent la survie globale, la réponse au traitement et les effets indésirables graves.
Une excellente survie globale
Au cours de ce suivi médian de 10,9 ans des LMC mises d’emblée sous imatinib (randomisation dans le groupe imatinib), la survie globale est de 83,3%. Environ la moitié des patients (48,3%) qui avaient été randomisés dans le groupe imatinib ont complété le traitement par l'imatinib et 82,8% ont une réponse cytogénétique complète.
Les effets indésirables graves considérés comme étant liés à l'imatinib sont peu fréquents et se produisent essentiellement au cours de la première année de traitement.
Certains des malades qui ont arrêtés l’étude prennent encore la version commerciale de l’imatinib en dehors de l’étude et d’autres ont dû passer à un autre inhibiteur de tyrosine kinase ou ont arrêté tout traitement.
En pratique
La LMC est moins complexe génétiquement que la plupart des cancers et l'introduction du gène BCR-ABL1 dans les cellules souches hématopoïétiques murines est suffisante pour reproduire la maladie humaine chez ces animaux, un résultat inhabituel en oncologie.
L'imatinib est un inhibiteur sélectif de la BCR-ABL1 kinase (tyrosine kinase) qui a transformé le pronostic des LMC. Un suivi prolongé à presque 11 ans de LMC sous imatimib en traitement initial montre que l'efficacité initiale de l’inhibiteur de la tyrosine kinase persiste au cours du temps et que l'administration à long terme d'imatinib n’est pas associée à des effets toxiques inacceptables tardifs ou cumulatifs.
Environ un malade sur cinq a une réponse moléculaire profonde stable pendant 1 an ou plus, et certains malades en rémission ont interrompu leur traitement, même si cela n'a pas été fait sur une base pré-définie. Environ 40% des patients qui ont arrêté le traitement restent en rémission pendant 3 ans ou plus, le reste ayant une rechute.
Ainsi, l'imatinib contrôle très bien la maladie à long terme, mais peu de patients, sinon aucun, sont considérés comme « guéri » (rémission stable sans aucun traitement). Depuis l’étude IRIS, d’autres inhibiteurs de la tyrosine kinase (BCR-ABL) ont été mis à disposition avec des taux de réponse initiaux élevés et on attend leurs données sur le long terme. Au final, il s’agit de la première évaluation à long terme d’une thérapie ciblée et celle-ci démontre un bon taux de succès et surtout une bonne tolérance sans toxicité nouvelle ou cumulative. Cela confirme qu’à côté de la chimiothérapie, qui est surtout efficace en cas d’hémopathie ou de cancer à renouvellement rapide, il existe des solutions ciblées pérennes, solution qui marchent également sur les néoplasies sans turn-over accéléré.








