Neurologie
SEP progressive primaire : anti-CD20 chez les patients naifs de traitement en vie réelle
Pas d’effet des anti-CD20 sur la progression du handicap de la SEP en vie réelle dans une étude rétrospective.
- Yaroslav Astakhov/istock
Contexte et objectifs : Bien que le rituximab n'ait pas démontré d'effet significatif sur la progression du handicap dans la sclérose en plaques progressive primaire (SEP-PP), l'ocrelizumab y est parvenu. Cependant, il s’agit d’une seule étude, avec des résultats relativement limités (moins de 25% de diminution de la progression du handicap) chez des patients hautement sélectionnés (moins de 55 ans et moins de 10 ans d’évolution de la maladie.
L’objectif principal de cette étude était d'analyser en vie réelle la progression confirmée du handicap (PDD) dans une cohorte de patients atteints de SEP progressives primaires (PP) traités par des thérapies anti-CD20 (rituximab et ocrelizumab) par rapport à une cohorte témoin pondérée non traitée.
Méthodes
Il s'agissait d'une étude rétrospective utilisant les données du registre français de la SEP (Observatoire Français de la Sclérose en Plaques). Nous avons inclus des patients atteints de SEP-PP traités ou jamais traités par des thérapies anti-CD20 de 2016 à 2021, avec un score Expanded Disability Status Scale ≤6,5 à l'inclusion. Le critère principal était le délai avant la première PDD. Les critères secondaires étaient le délai avant la première rechute, l'activité IRM à 2 ans, l'identification des facteurs de risque associés à la PDD et les taux d'incidence des infections graves. Chaque critère a été étudié en utilisant une méthode de pondération par probabilité inverse du traitement. Les résultats ont été modélisés à l’aide d’un modèle de Cox proportionnel pondéré pour les résultats du temps jusqu’à l’événement et par une régression logistique concernant l’activité IRM.
Résultats : Au total, 1 184 patients (426 traités et 758 non traités) remplissaient les critères d'inclusion. L'âge médian (Q1-Q3) était de 56 ans (49,3-63,8) et 52,7 % étaient des femmes. Parmi les patients traités, 295 ont reçu du rituximab, tandis que 131 ont reçu de l'ocrelizumab. Au départ, les patients traités par anti-CD20 étaient plus jeunes (médiane 51,9 contre 58,6 ans, d de Cohen = 0,683) et présentaient une maladie plus active (54,5 contre 27,8 %, d de Cohen = 0,562). 91,6 % n'avaient jamais pris de médicament à l'inclusion. Au moment de la première analyse CDP, aucune signification statistique n'a été observée (rapport de risque [HR], 1,13 ; IC à 95 % 0,93-1,36, p = 0,2113). Dans l'analyse du temps jusqu'à la première rechute, une tendance non significative vers un nombre moins élevé de patients en rechute dans le groupe traité a été observée (HR 0,83 ; IC à 95 % 0,48-1,28, p = 0,0809). Pour l'activité IRM, aucune différence significative n'a été trouvée entre les 2 groupes. Les facteurs de risque associés à la CDP dans le groupe traité étaient le sexe masculin et la durée de la SEP. Le taux d’incidence des infections graves était de 6,67 (IC à 95 % 3,12-14,25) pour 100 personnes-années dans le groupe traité contre 2,67 (IC à 95 % 0,80-8,86) dans le groupe non traité.
Discussion
Bien que rétrospective et incluant principalement des patients traités par rituximab, cette étude indique qu'il devrait y avoir une évaluation constante de toutes les données disponibles pour déterminer le meilleur rapport risque/bénéfice pour les patients atteints de PPMS. Cette étude fournit des preuves de classe III selon lesquelles le traitement anti-CD20 des patients atteints de PPMS non traités auparavant n'est pas supérieur à l'absence de traitement pour retarder le délai de première CDP.








