Hématologie
Greffe de moelle : des complications spécifiques sur le long terme
Les survivants d’un cancer sont à risque de nombreuses complications après une greffe de moelle, mais par comparaison à ceux qui n’ont pas eu de greffe, les risques sont plutôt des complications infectieuses et respiratoires.
- OlenaPavlovich/epictura
Les survivants d'un cancer ayant eu une greffe de moelle ont des fréquences d'hospitalisation et des taux de mortalité toutes causes confondues significativement plus élevés par rapport à une population appariée de malades qui n'ont pas reçu de greffe. C’est la conclusion d’une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology.
Une étude comparative sur 2 ans
L’étude à comparé le devenir à 2 ans des survivants de cancers (90% d’hémopathies) ayant eu une greffe de moelle réalisée dans un centre de 1992 à 2009 et qui étaient des résidents de l'État de Washington (n = 1 792, 52% greffes allogéniques et 90% d'hémopathies) par rapport à des patients appariés mais qui n’ont pas été greffés extraits du registre du cancer de l'État (n = 5 455), ainsi qu’à la population générale (n = 16 340) en utilisant les fichiers des permis de conduire. Le suivi à 2 ans dans les trois cohortes a été déterminé à partir des registres de sorties et de décès des hôpitaux de l'État.
Des complications infectieuses et pulmonaires
Après un suivi médian de 7,1 ans, les survivants d'une greffe de moelle ont eu des taux d'hospitalisation significativement plus élevés par comparaison aux survivants appariés de cancer sans greffe de moelle (280 versus 173 épisodes par 1 000 patients-années, P <0,001) et une plus grand risque de mortalité toutes causes (HR 1,1, avec IC 95%, 1,01 à 1,3).
Les patients ayant survécu à la greffe de moelle ont eu plus d'hospitalisations ou de décès par infection (incidence cumulée sur 10 ans, 31% versus 22%, HR, 1,4 avec IC à 95%, 1,3 à 1,6) ou complications respiratoires (incidence cumulée, 27% versus 20%, HR 1,4 avec IC 95%, 1,2 à 1,5).
Les risques de complications digestives (HR = 1.1 avec 95% CI, 0.99-01.3), cutanées (HR = 1.3 avec 95% CI, 1-1.6) et musculo-squelettiques (HR = 1.3 avec 95% CI, 1.1-1.5) sont également plus importants chez les survivants après greffe que chez ceux qui n’ont pas eu de greffe.
Les deux groupes ont des risques similaires de complications cardiovasculaires et de cancers secondaires. A noter que les survivants d’un cancer après greffe de moelle et ceux qui n'ont pas eu de greffe ont tous les 2 une incidence cumulative à dix ans de complications touchant les principaux organes plus élevés comparativement à la population générale.
En pratique
La greffe de moelle est associée à une augmentation sur le long terme de la morbidité et de la mortalité chez les survivants d’un cancer. En particulier, les cliniciens qui prennent en charge les survivants d’un cancer après greffe de moelle doivent être conscients des taux élevés de complications tardives potentiellement mortelles, en particulier respiratoires et infectieuses.
Peu d'études sur le devenir à long terme des survivants de greffe de moelle ont pu être réalisées par comparaison avec des survivants appariés mais n'ayant pas eu de greffe. Une étude inquiétante avait été publiée par la même équipe il y a 2 ans. Avec cette comparaison plus nuancée, les auteurs montrent que dans l'ensemble, les survivants d'une greffe de moelle gardent toujours un sur-risque de la plupart des complications grave, mais pas la totalité, qui conduisant habituellement ces malades à une hospitalisation ou à la mort. Par exemple, les survivants de greffe de moelle ont effectivement un risque majoré d'infections et de complications respiratoires, mais dans cette analyse, il n'a pas été observé de sur-risque de complications circulatoires ou de seconds cancers.
L’indication d’une greffe de moelle est basée avant tout sur des considérations médicales pour un malade donné avec une maladie donnée. Cette indication est donc généralement en accord avec les recommandations qui ne devraient pas être modifiées par cette étude, mais celle ci doit amener à une surveillance particulière de ces malades et éventuellement, au développement de conditionnements alternatifs pour les malades les plus à risque.








