Fake news

Pourquoi les personnes âgées sont plus sensibles à la désinformation

La plus grande politisation des personnes âgées a des effets sur leur capacité de jugement, et cela les rend plus sensibles aux fake news. 

  • Tero Vesalainen/ISTOCK
  • 08 Novembre 2025
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    Plus on vieillit, plus les fake news nous semblent crédibles. Cela serait lié au rapport des individus à la politique. C’est la conclusion d’une étude parue dans Journal of Experimental Psychology. Ses auteurs, des chercheurs du Rochester Institute of Technology, à New-York, ont constaté que les personnes âgées ont plus tendance à croire les informations qui confortent leur appartenance politique, même s’il s’agit de désinformation. 

    Désinformation : une étude réalisée entre le Brésil et les États-Unis 

    Leaf Van Boven et Guilherme Ramos, les deux co-auteurs, ont commencé leurs travaux en 2022. À ce moment-là, des vagues de désinformation touchaient le Brésil, à l’approche du second tour de l’élection présidentielle opposant Jair Bolsonaro et Lula da Silva, et les États-Unis, à quelques semaines des élections de mi-mandat. Pour mener leurs travaux, les chercheurs ont recruté 700 participants au Brésil et 1.700 aux États-Unis, tous âgés de 18 à 80 ans. 

    Les participants ont examiné des titres de presse relatifs à l'actualité politique de leur pays. "Certains présentaient les idéologies républicaines ou conservatrices sous un jour favorable, tandis que d'autres privilégiaient les idéologies démocrates ou libérales", précisent les auteurs. Par exemple, les participants américains ont pu lire le faux titre suivant : "Le pape François choque le monde et apporte son soutien à Donald Trump pour la présidence." Ceux résidant au Brésil devaient juger la fausse affirmation "Bolsonaro veut réduire de 25 % les salaires des fonctionnaires". Les auteurs ont cherché à "évaluer l’idéologie politique des répondants et leur capacité à mettre de côté leurs intuitions et à raisonner de manière analytique". Pour cela, ils leur ont demandé s’ils étaient susceptibles de partager cette information sur leurs réseaux sociaux, et si l’affirmation leur semblait vraie ou fausse. 

    Fake news : qu'est-ce qui nous rend plus sensible à la désinformation ?

    L’analyse des résultats ne permet pas de dire que les personnes âgées sont moins aptes à raisonner de manière analytique et à distinguer les fausses informations des vraies. En revanche, elle montre qu’à partir de 55 ans, les individus sont plus partisans, et que cela a des effets sur leur évaluation de l’information. "Leurs critères d’évaluation des informations variaient selon qu’elles étaient favorables ou non à leur camp", précise Leaf Van Boven. Ces personnes ne partagent pas sciemment de fausses informations, mais elles sont plus sceptiques lorsque ces dernières sont favorables au camp adverse. Le chercheur parle de réaction "partisane instinctive". Les résultats étaient similaires au Brésil et aux États-Unis. 

    Désinformation : de l'importance du dialogue en cas d'opinions politiques divergentes 

    Pour les auteurs, cela peut avoir des implications sur la façon de lutter contre les fake news. Aujourd’hui, cela passe par des interventions permettant aux participants de mieux distinguer le vrai du faux. "Notre étude suggère qu'il est tout aussi important d'encourager les gens à adopter une attitude moins partisane lorsqu'ils communiquent sur les réseaux sociaux", souligne Leaf Van Boven. Guilherme Ramos va plus loin et appelle à cesser de supprimer de ses amis sur les réseaux sociaux les personnes avec lesquelles on est en désaccord politique. "En tant que spécialiste de la polarisation politique, je suis tout à fait favorable aux échanges intergroupes, développe-t-il. C'est essentiel pour une démocratie saine, où l'on peut dialoguer et avoir des amis qui pensent différemment."

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