Pneumologie
Les phages, une thérapie en devenir pour les bactéries multirésistantes.
La thérapie par phages représente une pratique d’avenir pour traiter les infections respiratoires dues à des bactéries multirésistantes. Son profil de tolérance et son efficacité ont été étudiées dans plusieurs case reports. Une série de neuf patients vient apporter une pierre de plus à l’édifice. D’après un entretien avec Alexandre BLEIBTREU.

Une étude dont les résultats sont parus en avril 2025, dans Nature Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité de la thérapie par bactériophages, qui utilise des virus lytiques comme traitement anti-microbien, ainsi qu’à évaluer son profil de tolérance chez des patients atteints de mucoviscidose et infectés de façon récurrente par le Pseudomonas aeruginosa. Pour cela , les auteurs ont sélectionné neuf patients adultes, atteints de mucoviscidose, dont 8 femmes et un homme, avec un âge moyen de 32 ans. L’évolution de la maladie était, pour chacun d’entre eux, maquée par des infections récurrentes à Pseudomonas aeruginosa multirésistant. Tous les sujets ont reçu une phagothérapie sous forme nébulisée. Les expectorations ont été analysées 5 à 18 jours après le traitement. Le VEMS a été mesuré 21 à 35 jours après la fin de la phagothérapie nébulisée.
Un bénéfice existant même s’il n’est pas majeur
Le docteur Alexandre BLEIBTREU, membre du centre de transplantation fécale de l’AP-HP, praticien hospitalier dans le service de Maladies Infectieuses et Tropicales et référent anti-infectieux de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris, rappelle que les phages sont sélectionnés pour être actifs sur les bactéries des patients via des cibles de fixation, en agissant sur le mécanisme de virulence ou sur le mécanisme de résistance aux antibiotiques des bactéries. Il précise que ce travail, qui comporte une série bien documentée de neuf patients représente une étude supplémentaire sur la phagothérapie nébulisée pour traiter le Pseudomonas aeruginosa, notamment chez les patients atteints de mucoviscidose. Les résultats de ce travail ont montré, qu’après phagothérapie nébulisée, les patients avaient une amélioration de leur fonction respiratoire. Il n’y avait pas d’éradication complète du Pseudomonas aeruginosa mais une diminution de sa concentration dans les crachats. Alexandre BLEIBTREU explique que lorsque l’on sélectionne des phages, on peut observer soit une resensibilisation aux antibiotiques soit une diminution de la virulence et qu’en plus, il n’y a aucun impact sur le microbiome pulmonaire. Il relève toutefois que les auteurs de ce travail n’ont pas fait de recherche d’anticorps anti-phages. Le bénéfice sur la fonction respiratoire est modéré mais toute amélioration est toujours bonne à prendre !
La thérapie par phages est parfaitement tolérée
Alexandre BLEIBTREU relève qu’il existe une parfaite tolérance de la phagothérapie nébulisée et qu’il n’a pas été observé de problèmes d’émergences de phages avec des mutations qui pourraient être délétères. Il souligne la qualité de ce travail réalisé par l’équipe de Yale, qui grâce à leur programme de phages, sont sur le point de démarrer une autre étude sur le sujet. Pour Alexandre BLEIBTREU, les phages utilisées en nébulisation apportent des bénéfices qui, même s’ils ne sont pas majeurs, sont intéressant car cette thérapie est très bien tolérée et ne pose aucun problème de sécurité.
En conclusion, la phagothérapie nébulisée montre un intérêt dans la prise en charge de infections résistantes à Pseudomonas aeruginosa chez les patients atteints de mucoviscidose , avec un profil de sécurité satisfaisant. Une thérapie d’avenir pour améliorer la fonction respiratoire et la qualité de vie de ces patients…