Radio Santé Groupe VYV
Le podcast du Dr Jean-François Lemoine du 26 février 2021
Au programme de ce podcast du Dr Jean-François Lemoine réalisé en partenariat avec le Groupe VYV: le pari d'Emmanuel Macron de ne pas reconfiner fait débat ; la vaccination des 65-74 ans est un trou dans la raquette ; l'amusie, le nouveau symptôme de la Covid-19.
- STUDIO CLIMATS/istock
Le pari d’Emmanuel Macron de ne pas confiner est-il un pari dangereux, gagnant ou obligé ? Réponse dans deux semaines, mais en attendant le débat va faire rage et de moins en moins dans la nuance
Et aussi dans ce podcast :
• Question courte sur la vaccination des 65 – 74 ans avec le Dr Jean-Paul Marre, rédacteur en chef de Fréquence Médicale : non seulement ils n’ont actuellement aucune solution avant plusieurs semaines, mais on peut s'attendre à une foire d'empoigne totale quand s’ouvrira l'accès
• L’amusie ? Un symptôme comparable à l’agueusie la perte de goût et l’anosmie la perte d’odorat que l’on a découvert avec le Covid
La chronique du Dr Jean-François Lemoine :
« Les 2 prochaines semaines vont être cruciales ! » Combien de fois avons-nous entendu cette phrase depuis un an ? Avant chaque confinement, à chaque frémissement des contaminations, avant les vacances, avant la reprise, aujourd’hui… Avec toujours de bonnes raisons d’y croire et rarement la possibilité de vérifier vraiment le bien-fondé de la décision. Mais toujours avec un certain consensus des politiques et du monde scientifique dont les contestations, lorsqu’elles existaient, étaient proférées à bas bruit.
Mais depuis la conférence de presse de notre premier ministre, hier soir, on doit se rendre à l’évidence : nous sommes devant deux routes diamétralement opposées : celle du « préparons-nous pour vivre avec le virus » que prône notre président de la république ; Celle de la stratégie « zéro Covid » de nos scientifiques qui suppose de « confiner vite et fort ». Avec des nuances sur cette voie-là qui vont du confinement « municipal » type Anne Hidalgo, dont on peine à comprendre la logique à moins de couvrir le périphérique de barbelés, au black-out total du Comité Scientifique, en passant par des zones d’exclusions comme le concède le Professeur Karine Lacombe, en libérant les Bretons, du joug des contraintes sanitaires.
Le « zéro covid » qui suppose la disparition théorique du virus, passe, dans notre pays, par la vaccination d’au moins 50% de la population, les contaminations amenant les 20 / 30% supplémentaires de l’immunité collective, sans avoir à supplier les ligues anti vaccinales. Elle ne se conçoit qu’avec une stratégie similaire dans les pays du G12, auxquels il faut ajouter au moins trois milliards d’habitants des pays pauvres, pour ne pas voir revenir chez nous le virus, solidement muté, en fin d’année. Une opération sanitaire mondiale, sans précédent, que l’on a du mal à imaginer tant la vaccination hexagonale se traîne…
Une réflexion qui toutefois mérite que l’on s’y arrête un peu. Car il va falloir se rendre à l’évidence, l’opération Covax de l’OMS, qui projette deux milliards de vaccinés dans les pays pauvres avant la fin de l’année, contrairement à ce que notre situation vaccinale suggère, a de bonne chance de réussir. Non pas grâce au 13 millions de doses généreusement offertes par notre président sur nos quotas, mais grâce à la solidarité de la Chine et de la Russie. A laquelle il faut ajouter les capacités industrielles de l’Inde, que l’on n’avait pas voulu voir venir. Le Spoutnik V, vaccin Russe et le Sinovac, le Chinois sont fabriqués dans les usines Indiennes et fournis par centaines de millions de doses aux pays qui en feront le demande et s’acquitterons d’une somme raisonnable en fonction de leurs possibilités. Opération humanitaire certes mais aussi opération d’image dont nos diplomates mesureront les conséquences, dans les années qui viennent.
Notons aussi que ces usines Indiennes fabriquent sous licence Astra Zeneca des millions de vaccins, ceux-la même dont on apprend que les usines européenne ne pourront pas fournir les commandes promises à notre pays dans les semaines qui viennent. Et pour illustrer ce propos le Maroc, grâce à cette stratégie, compte autant de vaccinés que nous. Il s’agit de millions de doses de Covishield, du nom dans sa version indienne, du vaccin développé par AstraZeneca en partenariat avec l’université d’Oxford, et fabriqué par le Serum Institute of India, société du Sud de l’Inde, qui s’est par exemple engagée à livrer 200 millions de dose à l’opération Covax. Rappelons que l’Inde fabrique 20% des médicaments génériques et 62% des vaccins de la planète. La reconquête de notre indépendance va se ralentir quelques peu. Et l’inde restera le principal fournisseurs de médicament pendant un bon bout de temps…
Mais revenons à la stratégie « zéro covid » ; elle suppose aussi un confinement dont il faudrait demander officiellement à nos gouvernants si le pays à réellement les moyens d’assumer ce nouvel arrêt – probablement d’un mois – de notre économie. Sans compter le désastre social qui l’accompagnera.
La verité est toujours un pari sur l’incertitude… c’est pourquoi lorsqu’on parle du pari d’Emmanuel Macron dont on saura dans deux semaines s’il s’agissait d’un pari gagnant, il faudrait plutôt dire « pari dangereux » mais aussi « pari obligé ».











