Rhumatologie
Fracture de hanche : le bénéfice des bisphosphonates validé à grande échelle
Le risque de fracture atypique de la hanche sous bisphosphonate est dépendant de la durée de traitement mais le niveau de protection contre les fractures ostéoporotique (hanche et autres) est largement supérieur.
- sittithat tangwitthayaphum/istock
Certains traitements anti-ostéoporotiques, et en particulier les traitements par les bisphosphonates, ont été remis en cause ces dernières années au motif qu’il pouvaient être grevés de complications rares, et en particulier de fractures atypiques de la hanche. Ceci à réduit leur niveau de prescription et la protection contre les fractures ostéoporotiques.
Une très large étude de cohorte californienne objective un risque réel de facture atypique de la hanche sous bisphosphonate, mais celui-ci est, d’une part, rare et, d’autre part, dépendant d’une durée excessive de traitement.
Lorsque les durées de traitement validées dans les AMM des bisphosphonates sont respectées, le rapport bénéfice risque de ces molécules est très largement excédentaire. L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.
Bénéfice-risque validé
Parmi les 196 129 femmes qui ont été suivies sous traitement, 277 fractures atypiques du fémur sont survenues (1,74 fracture pour 10 000 années-patients), et 9102 fractures de la hanche sont survenues (58,90 fractures pour 10 000 années-patients).
En plus d’être très faible, le risque de fracture atypique est surtout dépendant d’une durée excessive du traitement, même après ajustement multivarié : par rapport à une période de moins de 3 mois de traitement, le rapport de risque passe de 8,86 (IC 95%, 2,79 à 28,20) pour une dure de 3 ans à 5 ans, à 43,51 (IC 95%, 13,70 à 138,15) pour une durée de 8 ans ou plus.
Des facteurs de risque classiques
Les autres facteurs de risque de fracture atypique de la hanche sont, bien sûr l’âge élevé, l’ethnie (RR pour les Asiatiques par rapport aux Blanches, 4,84 (IC 95 %, 3,57 à 6,56)), la taille, le poids et l'utilisation de corticoïdes. L'arrêt du bisphosphonate est associé à une diminution rapide du risque de fracture atypique (près de la moitié en 3 à 15 mois).
Les diminutions du risque d'ostéoporose et de fractures de la hanche pendant 1 à 10 ans d'utilisation de bisphosphonates compensent largement le risque accru de fracture atypique chez les Blancs, mais moins chez les Asiatiques. Après 3 ans, 149 fractures de la hanche ont été évitées et 2 fractures atypiques associées aux bisphosphonates sont survenues chez les Blancs, contre 91 et 8, respectivement, chez les Asiatiques.
Une étude sur près de 200 000 femmes
L’étude a été menée au sein du Kaiser Permanente Southern California health care system et a porté sur 196 129 femmes de plus de 50 ans qui recevaient un traitement préventif de la fracture de hanche par bisphosphonates (parmi une cohorte globale de plus d’un million de femmes). Les fractures typiques et atypiques de la hanche ont été colligées et l’analyse a été ajustée sur la durée des traitements et différents facteurs de risque comme l’ethnie, les paramètres morphologiques et la prise de corticoïdes.
Le risque absolu de fracture atypique du fémur sous bisphosphonates dans cette étude est très faible par rapport à la réduction du risque de fracture de la hanche et d'autres fractures ostéoporotiques. Ceci confirme l’intérêt réel de ces traitements et doit lever les réticences de certains médecins à les prescrire. Il faut bien sûr respecter les durées des AMM der chaque molécule.











