Infectiologie
Tuberculose : bientôt un test sanguin diagnostique et pronostique
Un nouveau test sanguin serait capable d'identifier la tuberculose même chez les patients qui n'ont pas encore déclaré la forme active de la maladie.
- Lakeview_Images/iStock
La tuberculose est maladie infectieuse bactérienne qui, en 2016, serait responsable du décès de 1,7 million de personnes, ce qui en fait la maladie infectieuse la plus mortelle au monde.
Car bien qu’il existe un vaccin pour s’en prévenir et qu’elle soit traitable avec des antibiotiques, le diagnostic est parfois difficile, en particulier dans les formes quiescentes et dans les populations les plus défavorisées qui sont aussi celles qui ont le moins accès aux soins.
Un quart de la population mondiale est porteuse de la tuberculose
En tout, environ un quart de la population mondiale est porteuse de la maladie. Le plus souvent, cela n’a aucun impact sur la santé. Mais dans 5 à 10% des cas, la tuberculose se réveille et le diagnostic de ces formes est difficile. Toutefois, une nouvelle étude parue dans le journal médical Clinical Infectious Disease pourrait largement faciliter les diagnostics. Des chercheurs britanniques ont réussi à mettre au point un nouveau test sanguin capable d’identifier la tuberculose chez les malades mais aussi chez les patients à risque.
Au cours de leur étude, des chercheurs de Leicester et de Nottingham ont suivi 66 personnes qu’ils ont séparées en quatre groupes. Le premier était atteint de tuberculose pulmonaire active, le deuxième souffrait d’une forme latente de la maladie, le troisième était suspecté de l’avoir et le dernier était constitué de personnes saines.
Un test sanguin performant
Afin d’identifier la présence de la bactérie à l’origine de la tuberculose, ils ont soumis les participants à leur test sanguin Actiphage deux fois, à un an d’écart. Résultat : Actiphage a réussi à identifier 73% des patients qui avaient déjà été diagnostiqués. Aucun participant du groupe de contrôle sain n’a été testé positif et aucun patient présentant une tuberculose latente testé négatif n’a ensuite développé une forme active de la maladie.
En revanche, deux des trois participants souffrant d’une infection latente testés positifs ont développé la maladie plus de six mois plus tard. Ainsi, Actiphage pourrait permettre d’identifier les personnes à risque, se félicitent les chercheurs.
Un bactériophage spécifique
"Les symptômes les plus communs de la tuberculose affectent les poumons et à partir de là, la maladie peut se transmettre aux autres en toussant et en éternuant. Puisque l’on manque d’outils pour diagnostiquer les gens incapables d'effectuer des expectorations (l'expulsion par la bouche, au cours d'effort de toux, de produits pathologiques provenant des voies broncho-pulmonaires et aériennes supérieures, NLDR), comme les enfants par exemple, le diagnostic est retardé, ce qui favorise la propagation de la maladie", explique le Dr Pranabashis Haldar, auteur principal de l’étude. Rappelons toutefois que seules les formes pulmonaires de la tuberculose peuvent être contagieuses.
Par ailleurs, la détection de Mycobacterium tuberculosis (MBT), la bactérie à l’origine de la maladie est limitée car croît très lentement, ce qui rend les méthodes de culture traditionnelles inefficaces. Toutefois, Actiphage utilise un bactériophage spécifique capable de libérer efficacement l’ADN de la bactérie et de l’identifier en six heures à peine.
"Les données de notre étude sur des humains prouvent qu’après l’infection, MBT circule dans le sang à des niveaux qui étaient auparavant indétectables et que le système immunitaire pourrait échouer à contenir efficacement la bactérie dans les poumons", explique le Dr Catherine Reese, co-auteur de l’étude.
Depuis 2007, le vaccin n'est plus obligatoire en France
Ainsi,"nos observations donnent une meilleure compréhension de comment la tuberculose humaine se développe", se félicitent les chercheurs qui espèrent pouvoir un jour commercialiser leur test. Si des études à plus grande échelle doivent encore avoir lieu, "ce nouveau test offre le potentiel de cibler les malades à risque de développer une forme active et de les traiter le plus tôt possible". "C’est très excitant", concluent les chercheurs.
En France, les autorités sanitaires recommandent vivement la vaccination contre la tuberculose surtout chez les nourrissons, particulièrement exposés au bacille. Cela n’est toutefois plus obligatoire depuis 2007. Et aujourd’hui, si l’incidence de la maladie est faible dans l’Hexagone, elle n’a pas totalement disparu. En 2015, on comptait encore 4 741 nouveaux cas déclarés.











