Urologie
Cancer de la prostate : déprivation androgénique et risque de démence
Le traitement de déprivation androgénique du cancer de la prostate améliore la survie des malades mais augmenterait leur risque d’Alzheimer.
- noipornpan/istock
Les résultats d’une étude de l’University of Pennsylvania, publiés dans la revue JAMA, montrent qu’un traitement hormonal par déprivation androgénique serait lié à une augmentation du risque de démence et de maladie d’Alzheimer chez les malades atteints de cancer de la prostate.
Sur les 154.089 hommes participant à l’étude, 62.330 avaient été traités avec un traitement hormonal dans les deux ans suivants le diagnostic de leur cancer. 13% d’entre eux ont été ensuite diagnostiqués maladie d’Alzheimer, comparé à seulement 9% des patients qui n’avaient pas reçu de traitement hormonal.
Concernant la démence, les chiffres sont encore plus éloquents : 22% des patients traités par traitement hormonal ont été diagnostiqués déments, contre 16% des patients qui n’en avaient pas reçu. Le risque moyen d’être diagnostiqué de la maladie d’Alzheimer est de 12% selon les chiffres Framingham Heart Study. Cette étude se base également sur des études précédentes plus restreintes qui montraient déjà des corrélations similaires entre traitement anti-androgénique et risques cognitifs chez les patients souffrant de cancer de la prostate.
Le second cancer le plus meurtrier aux Etats-Unis
"A notre connaissance, c’est une des plus larges études à ce jour examinant cette association de risques, qui a suivi les patients sur une période de huit ans après leur diagnostic de cancer de la prostate, explique l’auteur principal de l’étude, le professeur Ravishankar Jayadevappa. Ces résultats suggèrent que les médecins doivent mieux sensibiliser leurs patients aux risques cognitifs à long terme d’un traitement hormonal et en discuter avec eux."
Aux Etats-Unis, le cancer de la prostate est le second cancer le plus meurtrier chez les hommes. Le traitement de déprivation androgénique a montré des résultats probants dans le ralentissement de la progression de la maladie. Le traitement se base sur une réduction des niveaux d’hormone mâles dans le corps, les androgènes, afin de les empêcher de favoriser le développement des cellules cancéreuses. Elle est majoritairement utilisée chez les patients diagnostiqués d’un cancer avancé, lorsqu’il a déjà métastasé ou si les risques de rechute sont importants.
Mais son utilisation est de plus en plus controversée, notamment à cause d’études montrant l’existence d’un lien entre ce traitement et un risque de démence ou d’Alzheimer mais aussi de perte de poids, de diabète, de maladie cardiovasculaire et de dépression. L’équipe de chercheurs note cependant qu’il est nécessaire de lancer des recherches plus en profondeur sur les mécanismes biologiques à l’œuvre dans le lien entre traitement hormonal par privation androgénique et démence.











