Urologie
Cancer de la vessie : le virus coxsackie contre les formes non invasives
Une souche du virus cancer de la vessie, impliqué habituellement dans les rhumes aurait la capacité de cibler, d’infecter et de détruire les cellules cancéreuses chez les patients atteints du cancer de la vessie sans atteinte de la paroi musculaire.
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C’est une découverte qui pourrait révolutionner le traitement des formes non invasives du cancer de la vessie. Dans un article publié dans la revue Clinical Cancer Research Reports, des chercheurs de l'Université de Surrey et du Royal Surrey County Hospital révèlent avoir découvert que l’exposition au virus coxsackie oncolytique (CVA21), une souche naturelle du rhume, était capable de cibler, d’infecter et de détruire les cellules cancéreuses chez des patients atteints de cancer non invasif de la vessie.
Testée sur 15 patients, cette souche du virus du rhume s’est révélée très efficace, puisqu’aucune trace de cancer n’a été retrouvée chez les patients après le traitement.
Des traitements actuels peu efficaces
Septième cancer le plus courant en France, le cancer de la vessie touche environ 12 000 personnes chaque année dans l’Hexagone, en majorité des hommes. Dans 90% des cas, le cancer de la vessie se forme à partir des cellules de la muqueuse (épithélium urothélial). Il s’agit d’une forme non-infiltrante de cancer, qui prend alors le nom de carcinome urothélial. Les traitements existants sont loin d’être 100% efficaces.
Ainsi, la résection transurétrale de vessie (RTUV) a un taux de récidive tumorale allant de 50% à 70%. Quant à l’immunothérapie avec Bacille de Calmette-Guérin, elle s’est révélée avoir des effets secondaires graves pour un tiers des patients atteints de cancer de la vessie, tandis qu’un autre tiers n’y répond pas du tout.
Vers la fin de la chimiothérapie ?
Ce traitement pionnier est donc prometteur. Il a été testé sur quinze patients qui, une semaine avant l'intervention chirurgicale prévue pour l'ablation de leurs tumeurs, ont tous reçu de l'AVC21 au moyen d'un cathéter dans la vessie. Les examens d’échantillons de tissus prélevés lors de la résection transuréthrale sont très encourageants. Ils montrent que le virus n’a ciblé que les cellules cancéreuses et a laissé intactes toutes les autres cellules. Les chercheurs ont découvert que le virus avait infecté les cellules cancéreuses et s'était répliqué, ce qui a provoqué leur destruction.
Après le traitement par le virus, la mort cellulaire a été identifiée dans la majorité des tumeurs des patients. Chez un patient, aucune trace du cancer n'a même été décelée au cours de l'intervention chirurgicale. "Le virus Coxsackie pourrait révolutionner le traitement de ce type de cancer", estime Hardev Pandha, chercheur principal de l'étude et professeur d'oncologie médicale à l'Université de Surrey, qui précise qu’aucun effet secondaire n’a été recensé chez les patients.
"Traditionnellement, les virus ont été associés à la maladie, mais ils peuvent aussi améliorer notre santé et notre bien-être en détruisant les cellules cancéreuses", ajoute le Dr Nicola Annels, chercheur à l'Université de Surrey, a déclaré. "Les virus oncolytiques comme le coxsackievirus pourraient transformer la façon dont nous traitons le cancer et déboucher sur l'abandon de traitements plus établis comme la chimiothérapie."











