Gastro-entérologie
Diverticulose colique : les inhibiteurs calciques pourraient en augmenter le risque
Les inhibiteurs calciques non-dihydropyridines, couramment utilisés dans le traitement de l'hypertension artérielle, pourraient augmenter le risque de développer une diverticulose colique.
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Une étude de randomisation mendélienne, menée par une équipe de scientifiques de l’Imperial College London et publiée dans la revue Circulation, avait pour but d’analyser l’efficacité et les effets secondaires de trois médicaments fréquemment utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle : les inhibiteurs de l’Enzyme de conversion de l'angiotensine, les bêta-bloquants et les inhibiteurs calciques.
L’hypertension artérielle touche un adulte sur 10 dans le monde et augmente les risques d’infarctus du myocarde et d’accident cérébral. Elle impose de changer de mode de vie mais aussi de prendre des médicaments. Cependant, alors que les trois médicaments en question sont ingérés par plusieurs millions de personnes chaque jour, les études sur leurs effets secondaires sont compliqués et requièrent de vastes études cliniques chères et longues.
Une étude de randomisation Mendélienne
Pour parer à ce problème, l’équipe de chercheurs a procédé à des études de randomisation génétique (Mendélienne). Grâce à l’étude de variants des gènes qui correspondent aux protéines impliquées dans l'effet de ces médicaments, ils ont pu étudier l’efficacité des médicaments. La bonne nouvelle, c’est que les résultats restent les mêmes concernant les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux : traiter l’hypertension artérielle permet bien de baisser les risques de complications.
Grâce à cette technique, l’équipe a aussi testé les risques de ces antihypertenseurs vis-à-vis d’environ 900 autres maladies. Ils ont eu la surprise de découvrir que les variant des gènes qui imitaient les effets des inhibiteurs calciques étaient liées à un risque plus important de développer un diverticulose colique, une maladie fréquente des intestins (1.02 par augmentation d'une deviation standard ; 95% IC, 1.01-1.04).
L'analyse par régression de Cox de l'utilisation de ce type de molécules dans la UK Biobank suggère que cette association est spécifique des inhibiteurs calciques de type non-dihydropyridine (hazard ratio 1.49 par rapport aux diurétiques thiazidiques ; 95% IC, 1.04-2.14) mais pas les inhibiteurs calciques dihydropyridines (hazard ratio, 1.04; 95% IC, 0.83-1.32). .
Des recherches plus approfondies sont nécessaires
Cette maladie créé de petits diverticules sur la paroi intestinale. Elle touche particulièrement les personnes âgées (près de 65% des plus de 85 ans). Lorsque ces poches s’infectent ou se rompent, la diverticulose colique peut mener à des urgences chirurgicales sévères.
Le lien trouvé entre inhibiteurs calciques et diverticulose colique doit maintenant être approfondi. "C’est la première fois que ce type de médicament contre l’hypertension artérielle est associé à la diverticulose colique, explique Dr Dipender Gill, co-auteur principal de l’étude. Nous ne sommes pas encore sûr du mécanisme, même s’il est sûrement lié aux effets sur le fonctionnement des muscles intestinaux, qui se contractent pour transporter les aliments à travers les intestins."
Dr Gill précise cependant que ces résultats ne devraient pas changer les directives de prescriptions actuelles concernant l’hypertension artérielle et que les patients ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement sans l’accord de leur médecin. C'est par contre une bonne nouvelle pour la compréhension et les futurs traitements de la diverticulose qui reste actuellement une maladie orpheline.











