Ophtalmologie

Kératopathie bulleuse : régénération de la cornée réussie par greffe de cellules cornéennes activées

Une équipe de chercheurs japonais est parvenue à régénérer de la cornée par greffe de cellules endothéliales cornéennes activées. Cela permet d’envisager l’élaboration de nouveaux traitements pour différentes kératopahies.

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  • 21 Mars 2018
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    Des chercheurs japonais ont réussi à restaurer la cornée et par conséquent améliorer l’acuité visuelle de 11 malades souffrant de kératopathie bulleuse.
    Leurs résultats ont été publiés le 15 mars 2018 dans le NEJM.

    La kératopathie bulleuse

    Les troubles des cellules endothéliales cornéennes (CEC) comme la dystrophie cornéenne endothéliale de Fuchs provoquent une hydratation cornéenne anormale. Cela entraine un trouble de la cornée et une perte de la vision appelée kératopathie bulleuse. Les traitements actuels de cette pathologie reposent tous sur une kératinoplastie et donc sur le don de cornée.

    Or la greffe de cornée est un geste invasif dont les résultats cliniques à long terme demeurent flous (irrégularité de structure cornéenne après chirurgie, acuité visuelle insatisfaisante etc.). De nouvelles approches s'avèrent donc nécessaires pour parvenir à rétablir autrement la fonctionnalité de la cornée, et plus précisément de son endothélium.

    Les particularités de l'endothélium cornéen

    Pour mémoire, l’endothélium cornéen est constitué d’une couche unique de cellules qui tapissent la surface postérieure de la cornée. Il maintient la transparence de la cornée en régulant l’écoulement de l’humeur aqueuse vers la cornée. Des troubles endothéliaux sont généralement associés à une perte de cellules endothéliales cornéennes. Or, lorsque la densité en CEC diminue, on observe une dysfonction endothéliale cornéenne et une hydratation cornéenne anormale. Cela entraîne la fameuse kératopathie bulleuse, qui peut elle, conduire à une perte de vision.

    Pour résoudre cette problématique, des chercheurs japonais ont développé une nouvelle approche qui consiste à injecter des cellules endothéliales cornéennes humaines dans l’objectif de traiter le dysfonctionnement endothélial cornéen sévère.

    L'absence d'effets secondaires suite à la réussite de la greffe

    Pour ce faire, ils ont cultivé des CEC en présence d’un inhibiteur de protéine kinase (ROCK). Ce dernier est utilisé comme adjuvant pour favoriser la prise de greffe de CEC. En injectant ces « nouvelles » CEC dans la chambre antérieure de l’œil, les chercheurs ont restauré la transparence de la cornée et amélioré l’acuité visuelle des 11 malades, et ceci seulement 24 semaines après l’injection. Le maintien de la transparence cornéenne persistait toujours 2 ans après l’injection.

    Les chercheurs indiquent n’avoir observé ni uvéite, ni infection intra-oculaire, ni réaction immunologique. Une augmentation de la pression intra-oculaire a été retrouvée chez un seul patient chez qui un glaucome induit par les glucocorticoïdes a été diagnostiqué. Ils précisent que leur étude n’était pas contrôlée, et qu’un certain potentiel de formation de tumeurs ne pouvant être exclu, de nouveaux essais sont indispensables.

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