Rhumatologie

Gonarthrose : effet bénéfique des bisphosphonates chez les femmes ménopausées

La prescription de bisphosphonates pour une ostéoporose probable chez des femmes âgées souffrant d’arthrose du genou est associée à un moindre risque de mise en place ultérieure d’une prothèse totale de genou.

  • belchonock/epictura
  • 11 Octobre 2017
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    Dans une cohorte de femmes âgées souffrant d'arthrose du genou suivies 3 ans, celles qui sont mises sous bisphosphonates ont un risque plus faible de recevoir une prothèse totale de genou que des femmes strictement appariées mais ne recevant pas de bisphosphonates.

    Ces résultats en vie réelle suggèrent un effet bénéfique potentiel des anti-ostéoporotiques de type antirésorbeurs sur l’évolution de la gonarthrose, et donc sur l’os sous-chondral. Cet article est publié online dans ARD.

    Une étude de cohorte en vie réelle

    Les patientes âgées chez lesquelles une instauration d’un traitement bisphosphonate pour ostéoporose a été réalisée après un diagnostic de gonarthrose (n = 2006) ont été appariées à celles (n = 2006) qui ne prenaient pas ce traitement (âge moyen = 76 ans et IMC moyen = 27), avec un suivi moyen de 3 ans.

    Le taux d'incidence brut de prothèses totales de genou est de 22,0 pour 1000 personnes-années parmi les patientes recevant un bisphosphonate et de 29,1 parmi les autres. La prescription incidente de bisphosphonate pour ostéoporose est donc associée à une réduction de 26% du risque de prothèse totale de genou (RR de 0,74, IC à 95% de 0,59 à 0,93).

    Ces résultats sont similaires lorsqu'ils sont ajustés sur les facteurs confondants potentiels dans un score de propension (HR 0,76, IC à 95% de 0,60 à 0,95). Les résultats des analyses de sensibilité sont en faveur de cet effet protecteur des bisphosphonates vis-à-vis de la progression de la gonarthrose.

    Une cohorte représentative de la population anglaise

    Les chercheurs on utilisés les données du réseau « The Health Improvment Network » (THIN), une base de données de dossiers médicaux électroniques tenue par des médecins généralistes et représentatif de la population générale du Royaume-Uni (> 12 millions de malades).

    Ils ont identifié les femmes âgées qui avaient commencé à prendre des bisphosphonates pour une ostéoporose après un diagnostic d'arthrose du genou. L’analyse a été réalisée en utilisant la méthode de la régression de Cox. Des analyses de sensibilité visant à corriger les incohérences résiduelles ont également été réalisées.

    En pratique

    Près de 97% des prothèses totales de genou sont mises en place pour une gonarthrose mais les relations entre gonarthrose, ostéoporose et anti-ostéoporotiques sont mal connues.

    Le remodelage osseux de l’os sous-chondral dans l'arthrose du genou, en tant que cible thérapeutique, a suscité beaucoup d'intérêt, mais les effets des agents antirésorbeurs sont contradictoires vis-à-vis de l’évolution de la gonarthrose.

    Cette très large cohorte représentative de la population britannique permet d’évaluer l’impact d’un traitement antiostéoporotique de type antirésorbeur sur la survenue d’un critère d’analyse statistique dit « dur » dans l’arthrose : la mise en place d’une prothèse totale du genou.

    Il faut noter que, après mise en place d’une prothèse totale, l’effet bénéfique d’une prescription de bisphosphonates sur le maintien de la prothèse avait déjà été démontré, vraisemblablement via un effet antirésorbeur qui minimiserait la perte osseuse péri-prothétique et l’ostéolyse.

    De même, cet effet antirésorbeur bénéfique avait été montré au rachis sur la progression de la discarthrose. Mais il est clair que tous les bisphosphonates n’ont pas la même capacité à inhiber la résorption osseuse et les résultats des précédentes études ont été d’autant plus intéressants que le bisphosphonate était puissant et administré par voie veineuse.

    Dans la mesure où aucun effet délétère des bisphosphonates n’a été observé sur l’arthrose ou sur les prothèses articulaires, il ne doit pas y avoir de réticence à prescrire ces produits dans leurs indications habituelles. Il est clair qu’une ostéopénie avec une arthrose ne peut pas constituer actuellement une indication en l’absence d’étude randomisée sur les bisphosphonates dans l’arthrose chez les femmes avec une diminution modérée de leur densité minérale osseuse.

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