HTA gravidique
De nouvelles recommandations sont publiées par la SFHTA
Pathologie fréquente chez la femme enceinte et dont l'enjeu est majeur pour elle, l’HTA de la grossesse vient de bénéficier de nouvelles recommandations de la SFHTA.
- Rafael Ben-Ari/Chameleo/REX/SIPA
De nouvelles recommandations sur l’HTA gravidique viennent d’être publiées par la Société Française d’Hypertension Artérielle et validées par les gynéco-obstétriciens. Idée forte : proposer un message simple et concret, mais aussi consensuel que délivreront toutes les spécialités impliquées dans le parcours de soins de la grossesse.
10% des grossesses
En France 10 % des femmes enceintes font une HTA gravidique. Cette complication engage non seulement le pronostic à court terme pendant la grossesse, tant de la mère que de l'enfant, mais également l'état de santé de la maman, beaucoup plus tard, au moment de la périménopause. En effet, bien après l’accouchement, la pré-éclampsie est asssociée à un risque accru d’HTA, d’accident cardiovasculaire et cérébral, de diabète. L’HTA gravidique doit donc être considérée comme un marqueur de risque spécifique chez la femme, un élément sur lequel les recommandations voulaient aussi insister. C'est pourquoi elles innovent en préconisant une consultation d’annonce et d’information, un mois après l’accouchement, pour que les femmes comprennent pourquoi elles ont fait une HTA gravidique ou une pré-éclampsie et surtout quelle surveillance ultérieure cela impose.
Choix des traitements
D’une manière générale, il était d'usage de ne pas utiliser certains médicaments en particulier, les IEC, les ARA II et l’aliskiren quel que soit le terme de la grossesse. Pour les nouvelles recommandations, les experts se sont basés sur les informations du centre de référence des agents tératogènes : ils considèrent qu’il n’y a pas d’indication à proposer une interruption médicale de grossesse si la femme a été traitée au cours du 1er trimestre par ces médicaments. En revanche, ces médicaments sont contre indiqués aux 2ème et 3ème trimestres.
Quant aux autres molécules, elles sont toutes autorisées dans les différentes recommandations étrangères, mais les Français préconisent plutôt l’alfa méthyl dopa, le labétalol et la nicardipine. Mais en cas de besoin d’une bi- ou trithérapie, il faut passer la main si l’HTA est sévère (PAS > 160 mm Hg et PAD > 110 mm Hg) selon Claire Mounier–Véhier, chef du service d’HTA au CHRU de Lille et présidente Fédération Française de Cardiologie qui a piloté les recommandations.

En revanche, pour une HTA légère à modérée, il revient au médecin traitant de coordonner le suivi en concertation avec l’obstétricien, au cours des 1er et 2ème trimestres de grossesse. Mais au 3ème trimestre, tout change : l’obstétricien doit prendre en charge la grossesse car tout peut basculer en très peu de temps, la pré-éclampsie pouvant évoluer en 48 heures.

Quels objectifs tensionnels ?
Pour répondre à cette question, les experts se sont appuyés sur l’étude CHIPS, parue dans le NEJM, uniquement basée sur des mesures cliniques. La règle est simple : aller doucement mais surement quand on traite une femme enceinte, c’est surtout elle que l’on protège et pas le bébé. Cependant le foetus doit quand même être nourri par ce placenta de mauvaise qualité.

C’est donc une pression diastolique entre 85 et 100 mmHg et une systolique inférieure à 160 mm hg qu’il faut viser comme objectif tensionnel.
D’autres informations pratiques se retrouvent dans ces recommandations, comme la gestion de la pré-éclampsie, du post-partum et de l’allaitement ou, plus nouveau, la conduite à tenir pour les grossesses à venir.











