Pneumologie
Dyspnée : la piste du menthol réactivée
La sensation de fraîcheur induite par une stimulation olfactive par le menthol pourrait être un traitement sûr et efficace pour soulager la dyspnée induite par l’exercice, selon une étude pilote.
- ©123RF-Alfio Scisetti
Déjà explorée il y a une vingtaine d’années, la piste du menthol pour soulager la dyspnée est réactivée avec la publication d’une lettre de recherche dans l’European Respiratory Journal qui rapporte les résultats d’une étude randomisée contre placebo évaluant son effet.
Dans cette étude, les auteurs japonais ont testé l’effet du L-menthol sous la forme d’un patch parfumé placé dans un masque facial sur 25 personnes en bonne santé, le placebo étant un patch parfumé à la fraise. L’effet de la stimulation olfactive a été évalué sur deux types de dyspnée : celle induite par un exercice à charge constante (80 % de la VO2 max), et celle induite par une charge résistive inspiratoire croissante.
Tous les participants ont achevé l’expérimentation sans aucune difficulté ni effets indésirables. Ils ont tous décrit une sensation de fraîcheur dans les voies aériennes pendant chaque session avec le menthol, mais pas avec le patch à la fraise.
Activation directe de l’amygdale
Cette étude réalisée en simple aveugle montre une réduction significative de la dyspnée avec le menthol comparé au placebo. L’effet se manifeste après trois minutes d’effort et persiste jusqu’à une minute après.
La dyspnée est également améliorée avec le menthol pour les charges résistives inspiratoires les plus importantes (25 et 35 cmH2O/l/s).
Il n’a pas été constaté de changement significatif de la fonction pulmonaire (VEMS, CVF et VEMS/CVF) après 10 minutes de stimulation olfactive.
Pour expliquer cette efficacité, les auteurs suggèrent deux voies : un effet central du menthol sur le système limbique par activation directe de l’amygdale et du cortex orbitofrontal, et une stimulation au niveau du nez des terminaisons nerveuses trigéminales par activation des canaux TRPM8 (Transient Receptor Potential Melastatin 8) qui sont également stimulés par le froid.
Ces résultats ouvrent donc une voie thérapeutique supplémentaire pour soulager la dyspnée. Il reste évidemment à les confirmer chez des personnes malades, par exemple atteintes de BPCO et dyspnéiques à l’exercice.
D’après un entretien avec le Dr Capucine Morélot-Panzini, pneumologue, CH Pitié-Salpêtrière, Paris












