Pédiatrie
Bronchiolite : efficacité maintenue en France du nirsévimab en population générale infantile
Deux saisons consécutives d’infection à VRS chez les nourrissons en France ont confirmé la haute efficacité du nirsévimab pour prévenir les visites aux urgences pédiatriques pour bronchiolite. La prédominance récente de souches VRS-B, dont certaines mutées, ne semble pas compromettre cette protection.
													- chaunpis/istock
 
La bronchiolite aiguë due au virus respiratoire syncytial (VRS) reste la principale cause de recours aux urgences pédiatriques en France. Depuis septembre 2023, la France recommande l’administration du nirsévimab, un anticorps monoclonal ciblant le site Ø de la protéine F du VRS, à tous les nourrissons durant leur première année de vie.
Alors que des mutations de résistance ont été récemment identifiées sur certaines souches de VRS-B, un sous-type devenu prédominant durant la saison 2024–2025, l’étude française présentée ici visait à comparer l’efficacité du nirsévimab au cours des deux premières saisons d’utilisation à large échelle.
Dans une étude multicentrique, publiée dans le JAMA Network Open, incluant 636 nourrissons atteints de bronchiolite et testés pour le VRS, l’efficacité du nirsévimab pour prévenir les cas confirmés de bronchiolite à VRS en services d’urgences pédiatriques s’est élevée à 83,2 % (IC à 95 % : 68,0–91,4 %) lors de la première saison, et à 89,3 % (IC à 95 % : 77,8–95,1 %) lors de la seconde. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les deux périodes (p = 0,97), confirmant le maintien de la performance du traitement malgré le changement de paysage viral.
Des cas résiduels concentrés chez les plus jeunes
L’étude a montré que 71 % des bronchiolites vues aux urgences étaient liées au VRS, reflet d’une inclusion centrée sur les pics saisonniers et les cas modérés à sévères, qui font l’objet d’un test viral en pratique. Parmi les nourrissons immunisés, 9,9 à 19,3 % ont néanmoins présenté une infection à VRS. Ces cas « post-nirsévimab » concernaient majoritairement des enfants âgés de moins de 3 mois, âge connu pour sa vulnérabilité accrue aux infections à VRS. Cette distribution n’implique pas une inefficacité du traitement, mais pourrait refléter des expositions virales importantes, des facteurs d’hôte spécifiques ou une immunité partiellement décroissante.
Les analyses en sous-groupes (par âge, gravité) et les analyses de sensibilité confirment la robustesse des résultats. Par ailleurs, les mutations les plus préoccupantes du VRS-B (F:N208D, F:I64M, F:K65R) n’ont pas, à ce jour, démontré de conséquence clinique tangible. L’absence d’altération significative de l’efficacité du nirsévimab entre les deux saisons suggère que la diffusion de ces variants reste limitée ou que leur potentiel de résistance ne suffit pas à compromettre la protection conférée.
Un suivi rigoureux en conditions réelles, mais des limites inhérentes au design
L’étude repose sur un design cas-témoin à test négatif, reconnu pour son efficacité dans l’évaluation en vie réelle des stratégies vaccinales ou préventives. Elle a inclus cinq services d’urgences pédiatriques français entre octobre 2023 et janvier 2025, en regroupant les deux saisons d’immunisation systématique. Les bronchiolites modérées à sévères ont été incluses sur la base d’un test nasopharyngé pour le VRS, qu’il soit antigénique rapide ou PCR. Une modélisation multivariée a été utilisée pour ajuster les comparaisons selon l’âge, le sexe, le mois, les facteurs de risque, le mode de garde et le centre d’inclusion.
Bien que les séquençages viraux n’aient pas été réalisés dans cette étude, d’autres travaux en parallèle ont documenté la circulation des variants de VRS-B. L’absence de classification standardisée de la sévérité des bronchiolites a été compensée par des indicateurs cliniques objectifs tels que l’hospitalisation ou le recours à l’oxygénothérapie. Si des biais de classification ou de sélection ne peuvent être totalement exclus, la cohérence des résultats avec les études antérieures soutient leur validité.
Selon les auteurs, ces données viennent rassurer quant à l’impact potentiel des mutations de VRS-B sur l’efficacité du nirsévimab, mais soulignent la nécessité de poursuivre une surveillance épidémiologique active et d’intégrer des outils de génotypage dans les études futures. L’émergence de mutations résistantes reste une menace théorique, dont la viabilité dépendra notamment de la couverture vaccinale à long terme et de la pression de sélection exercée.

                                        
                                    
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       


										
																		
										
																		
										
																		
																
								    									
						 									
																
								    									
																
								    									





