Cerveau
La malbouffe alimente-t-elle la sclérose en plaques ?
Une étude espagnole révèle qu’une consommation élevée d’aliments ultra-transformés pourrait aggraver l’évolution de la sclérose en plaques à ses débuts, en favorisant les rechutes et l’inflammation du cerveau.

- Par Stanislas Deve
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Et si la malbouffe accélérait la maladie ? Une nouvelle étude présentée au congrès ECTRIMS 2025 (Barcelone, Espagne) met en lumière un lien inquiétant entre la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT) et l’aggravation de la sclérose en plaques (SEP) à ses débuts. Ces produits industriels, riches en additifs, sucres et matières grasses, seraient un véritable carburant inflammatoire pour le cerveau.
Des rechutes plus fréquentes et des lésions accrues
La SEP est une maladie auto-immune neurodégénérative qui touche près de trois millions de personnes dans le monde, et qui est toujours considérée comme une énigme. Dirigée par la Dr Gloria Dalla Costa, cette nouvelle étude a suivi 451 patients atteints d’un syndrome cliniquement isolé, première manifestation de la SEP, pendant cinq ans. En analysant leur alimentation via un score métabolique spécifique, les chercheurs ont observé que les patients consommant le plus d’AUT connaissaient 30 % de rechutes en plus que ceux qui en consommaient le moins.
Les imageries par résonance magnétique (IRM) ont également révélé une activité inflammatoire accrue : plus de lésions actives, plus de dommages au tissu nerveux, et une progression des signes visibles de la maladie. "Cette tendance suggère que les aliments ultra-transformés agissent comme un accélérateur inflammatoire chronique, et non comme un déclencheur initial", explique la Dr Dalla Costa dans un communiqué.
Une moindre capacité du cerveau à se réparer
Les chercheurs avancent plusieurs pistes pour expliquer cet effet d’aggravation. Les additifs (comme les émulsifiants ou conservateurs) altèrent la barrière intestinale, permettant à des toxines de passer dans le sang et d’activer le système immunitaire jusqu’au cerveau. De plus, certains lipides modifiés fragiliseraient la myéline, gaine protectrice des neurones. Enfin, des marqueurs de stress métabolique, comme le C4-OH carnitine, suggèrent une moindre capacité du cerveau à se réparer lors des poussées inflammatoires.
"La consommation d’AUT crée une cascade de perturbations biologiques qui amplifie l’activité inflammatoire de la SEP", résume Dr Dalla Costa. Selon la chercheuse, réduire les aliments ultra-transformés pourrait devenir un conseil systématique pour les patients : "Comme la vitamine D ou l’arrêt du tabac, ce n’est pas un traitement de substitution, mais une stratégie complémentaire à faible risque et à fort potentiel".