Réponse immunitaire

Cancer colorectal : une bactérie kamikaze pourrait être une tueuse de tumeurs

Des chercheurs ont modifié une bactérie Salmonella pour qu’elle s’auto-détruise dans les tumeurs du côlon, déclenchant une puissante réponse immunitaire. Un cheval de Troie, testé chez la souris, qui pourrait ouvrir la voie à de futurs traitements.

  • Bactéries Salmonella / urfinguss / istock
  • 26 Septembre 2025
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    Une nouvelle stratégie pour un cancer redoutable. Des chercheurs de Singapour et de Chine ont conçu une bactérie vivante, modifiée pour s'auto-détruire au cœur des tumeurs et ainsi déclencher une puissante réponse immunitaire. Testée chez la souris, cette approche a permis de réduire significativement la taille des tumeurs du côlon, ouvrant la voie à la confection de "médicaments vivants" contre les cancers les plus résistants.

    La salmonelle, une bactérie cheval de Troie

    Le cancer colorectal est l'un des plus meurtriers dans le monde – 18.000 décès par an en France – et résiste souvent aux immunothérapies classiques, rappelle l’étude publiée dans Science Translational Medicine. Pour y remédier, les chercheurs ont exploré une nouvelle piste : stimuler des structures immunitaires appelées mTLS (mature tertiary lymphoid structures), qui sont associées à une meilleure survie. "Ce travail montre de manière convaincante que les mTLS peuvent être induites thérapeutiquement grâce à des biotiques synthétiques", explique le professeur Shawn Chen Xiaoyuan, de la NUS Medicine, dans un communiqué.

    Les scientifiques ont utilisé une souche affaiblie de Salmonella typhimurium, une bactérie connue pour cibler naturellement les tumeurs. Modifiée génétiquement, elle s'auto-détruit une fois en nombre suffisant dans la tumeur, libérant une protéine appelée LIGHT. Cette molécule se fixe ensuite sur le récepteur HVEM des cellules immunitaires, activant une cascade de réactions impliquant des cellules spécialisées, les ILC3, et stimulant les cellules T cytotoxiques.

    Une réaction immunitaire en cascade

    Le traitement a été testé sur deux modèles de souris prédisposées au cancer colorectal. Résultat : les tumeurs ont régressé, les structures mTLS se sont correctement formées, et les cellules T se sont montrées plus actives. Des rongeurs ont même atteint un contrôle total de la tumeur. "Cette approche pourrait ouvrir la voie à des 'médicaments vivants' programmables qui remodèlent le microenvironnement tumoral de l'intérieur", précise le Dr Pengfei Rong, co-auteur de l'étude.

    Les résultats, bien qu'encourageants, restent préliminaires et cantonnés à des modèles animaux. Des différences immunitaires et microbiennes existent chez l'humain, et tout traitement à base de bactéries vivantes présente des risques d'infection ou de réactions imprévisibles. Mais si les essais cliniques confirment ces effets, cette stratégie pourrait révolutionner l'immunothérapie du cancer colorectal, voire d'autres tumeurs.

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