Vaccin

Rougeole, coqueluche : le recul de la vaccination alimente la hausse des cas en Europe, alerte l’ONU

Le dernier rapport de l'OMS et de l'UNICEF alerte contre la baisse inquiétante de vaccinations des enfants, notamment en Europe.

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  • 16 Jul 2025
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    "Rien que l'année dernière, près de 300.000 personnes ont contracté la coqueluche dans notre région, soit trois fois plus que l'année précédente. Par ailleurs, plus de 125.000 personnes ont contracté la rougeole en 2024, soit deux fois plus qu'en 2023", souligne le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe, après la publication d’un rapport de l’OMS et l’UNICEF sur la couverture vaccinale. Et pour les deux organismes sanitaires pas de doute : le recul du taux de vaccination des enfants en Europe et en Asie Centrale joue un rôle majeur dans le phénomène.

    Europe : la couverture vaccinale reste inférieure aux niveaux prépandémiques

    À l'échelle mondiale, les chiffres de la vaccination sont corrects. Près de 9 nourrissons sur 10 ont reçu au moins une dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC), et 85 % se sont vu inoculer les trois doses en 2024. Cela représente 171.000 enfants supplémentaires ayant reçu au moins un vaccin, et un million de plus ayant été complètement vaccinés par rapport à 2023.

    Mais ces progrès masquent des données inquiétantes. Selon l'UNiCEF, il y a toujours 14,3 millions d’enfants "zéro dose" qui n’ont jamais été vaccinés. De plus, la Région européenne de l'OMS (qui comprend 53 pays d'Europe et d'Asie centrale) enregistre une stagation, voire une diminution, du nombre de jeunes ayant reçu leurs injections par rapport à la période pré-covid-19. En effet, la couverture vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) est passée de 92 % à 91 % entre 2019 et 2024. Celles des vaccins DTC et antipoliomyélitique ont perdu 2 points atteignant 93 %.

    "Les coupes drastiques dans l’aide, couplées à la désinformation sur la sécurité des vaccins, menacent de réduire à néant des décennies de progrès", prévient le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS, lors de la communication des agences de l'ONU.

    Les experts ont également remarqué de grandes divergences entre les pays. "Certains pays ont rapporté un taux de couverture d’à peine 23 % pour la première dose de ROR et de 51 % pour la troisième dose de DTC. Pour atteindre l'immunité collective et prévenir les épidémies de nombreuses maladies à prévention vaccinale, une couverture de 95 % est nécessaire chaque année au sein de chaque communauté. En 2024, plus de la moitié des pays de la Région n'ont pas atteint l'objectif d'immunité collective pour le ROR et/ou le DTC, et près d'un tiers ont déclaré une couverture inférieure à 90 %", écrivent-ils.

    Vaccination des enfants en Europe : il faut lutter contre la désinformation

    "Il ne s'agit pas seulement de chiffres, mais de centaines de milliers de familles qui vivent dans l'angoisse parce que leurs enfants sont malades, et cela aurait pu être évité", rappelle le Dr Hans Henri P. Kluge dans le communiqué de l'OMS.

    "Les vaccins sauvent des vies, et lorsque la couverture vaccinale diminue, la maladie se propage. C'est pourquoi les pays doivent investir dans des systèmes de santé locaux performants, veiller à ce que les vaccins soient disponibles et accessibles dans chaque quartier, et lutter contre la désinformation", ajoute le médecin.

    "À bien des égards, la vaccination a été victime de son propre succès en Europe et en Asie centrale", souligne Regina De Dominicis, directrice régionale de l'UNICEF pour l'Europe et l'Asie centrale. "La génération actuelle n'a pas été témoin de l'impact dévastateur de maladies évitables par la vaccination, ce qui entraîne un relâchement de la vigilance et facilite la diffusion d'informations erronées. La recrudescence des cas de rougeole l'année dernière – la plus importante depuis près de trente ans – nous rappelle qu’à moins que les pouvoirs publics n'investissent dans des systèmes de santé communautaires efficaces et ne s'attaquent aux inégalités en matière d'accès aux soins et à l'information, davantage d'enfants seront confrontés à des maladies évitables, à des complications à vie, voire à la mort."

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    JDF