Neurodéveloppement
Quand l’IRM livre les secrets du cerveau des enfants
Grâce à une IRM ultra-puissante adaptée aux enfants, des chercheurs du CEA ont obtenu des images cérébrales d’une précision inédite. Une innovation qui permet de mieux comprendre et traiter les troubles du neurodéveloppement.

- Par Stanislas Deve
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C’est une véritable révolution technologique qui vient d’être présentée cette semaine par des chercheurs du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Grâce à une innovation en imagerie par résonance magnétique (IRM), ils sont parvenus à capter des images d’une précision inédite du cerveau d’un enfant de six ans. Une innovation qui ouvre la voie à une meilleure compréhension des troubles du neurodéveloppement.
Un regard nouveau sur le cerveau en développement
Cette prouesse scientifique made in France a été rendue possible par l’adaptation d’une machine IRM à haute résolution de 7 Teslas, jusque-là réservée à l’étude du cerveau adulte. Installé depuis 2007 à Neurospin (plateau de Saclay, Essonne), cet outil a nécessité plusieurs années de recherche avant d’être utilisable chez l’enfant en toute sécurité. "C’est une première mondiale à ce niveau de technicité des images et de garantie de sécurité", souligne le Dr David Germanaud, neuropédiatre à l’Institut Robert-Debré et chercheur au CEA.
Avec des images d’une finesse inégalée, ce nouvel IRM permet de visualiser "les détails fins du cerveau, la vascularisation, le métabolisme cérébral... et son activité à l’échelle individuelle". Cette précision ouvre des perspectives prometteuses pour diagnostiquer plus tôt certaines pathologies. Par exemple, de petites malformations corticales, responsables d’épilepsies infantiles, peuvent désormais être repérées plus précocement. "Quand on les repère tôt, on peut proposer une chirurgie, on enlève la lésion et on guérit l’épilepsie. Et plus on le fait tôt, mieux c’est", détaille le Dr Germanaud.
Décrypter le lien entre anomalies cérébrales et troubles cognitifs
Ce dispositif pourrait aussi faire progresser la connaissance sur le syndrome d’alcoolisation fœtale – quand l’enfant est exposé à l’alcool in utero. Les tout-petits peuvent parfois ne présenter aucun signe physique, mais "l'alcool a perturbé leur développement cérébral [et] leur cervelet peut être mal formé", explique le neuropédiatre. L’IRM 7T pourrait ainsi rendre visible les conséquences invisibles d’une exposition prénatale à l’alcool.
Un projet de recherche de trois ans est déjà en cours pour étudier le cervelet et le cortex cérébral d’une centaine d’enfants, répartis en trois cohortes : des enfants épileptiques, d’autres touchés par l’alcoolisation fœtale, et un groupe témoin. L’objectif, mieux comprendre le lien entre anomalies cérébrales et troubles cognitifs. A terme, cette percée technologique pourrait même bien aider à "décrypter le développement des capacités cognitives et des apprentissages" à une échelle jusqu’alors inaccessible, selon les chercheurs.