Ménopause : une vie plus longue sans hormones qu'avec

Publié le 18.10.2019
Mise à jour 09.06.2023
Ménopause : une vie plus longue sans hormones qu'avec
Victor_69/iStock

La ménopause est la période de la vie d’une femme à partir de laquelle elle ne peut plus avoir d’enfant. A ce stade, le stock d’ovules est épuisé et la sécrétion d’hormones diminue. La période de la vie sans hormones sexuelles s'allonge avec l'espérance de vie, ce qui n'est pas sans augmenter le risque d'infarctus et d’ostéoporose.

Ménopause : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
Une « hormone » est une substance chimique qui est sécrétée par un organe ou une glande directement dans la circulation sanguine où elle est véhiculée dans une autre partie du corps.
« L’endomètre » est le nom de la muqueuse de l’utérus, qui va recevoir l’embryon fécondé lors d’une grossesse.
C’est la destruction partielle de l’endomètre à chaque cycle menstruel qui occasionne les « menstruations » ou « règles ».

Qu’est-ce que la ménopause ?

La ménopause correspond à la période où les ovaires de la femme arrêtent de fonctionner suite à l’épuisement normal du stock de cellules reproductrices (« gamètes ») féminines, les « ovocytes », à l’intérieur de chaque ovaire : à la différence de l’homme, chez la femme, les cellules reproductrices sont fabriquées chez le fœtus, pendant la « vie utérine ». Ainsi dès la naissance, les femmes disposent d’un stock d’ovocytes défini et non renouvelable : la « réserve ovarienne ».
Quand il n’y a plus d’ovocytes, il n’y a plus d’ovulation (largage d’un ovocyte à chaque cycle) et la sécrétion d’hormones sexuelles (« œstrogènes ») baisse progressivement, le cycle menstruel est donc interrompu d’où l’arrêt caractéristique des règles.
Néanmoins cette diminution de la sécrétion d’œstrogènes peut s’accompagner des signes de plusieurs types perçus comme désagréables, il s’agit du « syndrome climatérique ».
Avec l’allongement incroyable de l’espérance de vie, la période où une femme va désormais vivre sans hormones sexuelles s’allonge également (plus de 40 ans désormais), ce qui n’est pas sans conséquences.

En quoi consiste le cycle menstruel ?

Durant le cycle menstruel, deux phénomènes se déroulent en parallèle pour organiser la fécondation et le développement de l’embryon.
D’une part, la muqueuse utérine change d’aspect et s’épaissit. D’autre part, l’un des ovaires sélectionne un ovocyte qu’il fera mûrir pour pouvoir l’expulser au moment de l’ovulation. Ce cycle est régulé par les deux hormones féminines d’origine ovarienne, les œstrogènes et la progestérone.
Le cycle dure physiologiquement 28 jours, mais peut être plus court ou plus long selon les individus. Le premier jour du cycle correspond à l’apparition des règles qui peuvent se poursuivre jusqu’au 4ème jour. Elles surviennent suite à la chute de la production des hormones sexuelles après la non fécondation de l’ovule. A partir du 5ème jour, la sécrétion des œstrogènes par les ovaires va augmenter et stimuler la multiplication des cellules de l’endomètre. Jusqu’au 28ème jour, la muqueuse utérine va grossir, fabriquer des vaisseaux sanguins, développer des glandes et sécréter du mucus riche en glycogène sous l’influence des œstrogènes et de la progestérone.
En même temps, le cycle ovarien va se dérouler sous l’influence de deux autres hormones, la FSH et la LH, qui proviennent de l’hypophyse. Entre le 1er et le 14ème jour, on parle de « phase folliculaire », qui correspond à la croissance d'un ovocyte. Puis au 14ème jour, un pic de sécrétion de LH va entrainer l’ovulation, c’est-à-dire l’expulsion de l’ovule mature dans les trompes de Fallope. C’est à ce moment que le spermatozoïde va pouvoir féconder l’ovule. Enfin entre le 15ème jour et le 28ème jour, c’est la « phase lutéale » où de la progestérone sera produite en grande quantité par l’ovaire pour permettre l’implantation de l’ovule fécondé dans l’utérus.
A la fin du cycle, il y a deux possibilités : soit l’ovule a rencontré un spermatozoïde et la grossesse commence, soit l’ovule n’est pas fécondé et un nouveau cycle débute.

A quel âge débute la ménopause ?

L’âge de la ménopause est variable à 5 ans près d’une femme sur l’autre. Généralement, la moyenne de survenue est autour de 50 ans.
Lorsque la ménopause arrive avant l’âge de 45 ans, on parle alors de « ménopause précoce » résultant d’une insuffisance ovarienne primitive ou secondaire (chirurgie, chimiothérapie…). A l’inverse, parfois certaines femmes débutent leur ménopause après 55 ans, on parle alors de « ménopause tardive ».
L’âge d’apparition de la ménopause est conditionné par le stock d’ovocytes que contiennent les ovaires (la « réserve ovarienne »). Pour avoir une idée de l’âge de survenue de la ménopause, il suffit d’interroger les femmes apparentées de la famille, puisqu’il existe une part d’hérédité dans le phénomène.

Quels sont les signes de la ménopause ?

La ménopause est caractérisée par l’arrêt des règles auquel s’ajoute des signes physiques et psychologiques plus ou moins fréquents.
L’arrêt des règles, appelé scientifiquement « aménorrhée », est progressif dans le temps. Sur plusieurs années, les règles vont se tarir, devenir moins abondantes, moins régulières avec des sauts de cycles, jusqu’à disparaître complètement. Certains types de contraception contenant des œstrogènes de synthèse peuvent rendre difficile l’appréciation du début de la ménopause.
Les autres signes de la ménopause font partie de ce que l’on appelle le « syndrome climatérique ». Plus de 50 % des femmes souffriront de bouffées de chaleur, de sudation nocturnes, accompagnées parfois d’insomnies. Au niveau psychologique, des troubles de l’humeur peuvent apparaitre accompagnés d’anxiété et d’irritabilité.
Des modifications sont à signaler au niveau de la peau et des muqueuses. La peau perd en élasticité, et en tonus. La muqueuse vaginale s’assèche plus rapidement car les sécrétions se raréfient (« sécheresse vaginale »), entrainant de ce fait, des possibles douleurs lors des relations sexuelles (« dyspareunie »). Au même moment le périnée se relâche et peut provoquer quelques fuites urinaires.
Les articulations deviennent plus fragiles et peuvent occasionner des douleurs. Enfin des signes plus généraux sont susceptibles d’apparaître comme une fatigue et des maux de tête.

Ménopause : DIAGNOSTIC

Quand évoquer la ménopause ?

La ménopause apparaît après une phase que l’on nomme la « péri-ménopause », où existe souvent une insuffisance de sécrétion hormonale en 2ème partie de cycle (l’insuffisance lutéale ») qui débute cinq à huit ans avant la ménopause dont les quelques signes sont annonciateurs.
Si aux alentours de 40 ans, les cycles menstruels s’espacent, les règles sont de moins en moins abondantes, alors il s’agit surement des signes précoces de la ménopause. S’ajoute à cela une tension dans les seins, des ballonnements et une humeur changeante.

Quels sont les risques à long terme de la ménopause ?

La ménopause est une source d’inquiétude pour les femmes notamment à cause de l’augmentation du risque de survenue de certaines maladies sur le long terme. En effet, c’est la diminution de la sécrétion des hormones féminines qui est à l’origine du risque majoré de maladies cardiovasculaires ainsi que du risque de « fractures de fragilité osseuse » ou « fractures ostéoporotiques ».
La perte osseuse est accélérée après le début de la ménopause avec une diminution du capital osseux de près de 4 %. S’en suit un risque accru des fractures de la colonne vertébrale, du col du fémur et du poignet. La sévérité de l’ostéoporose peut être aggravée par plusieurs facteurs comme une carence en vitamine D, les antécédents de fractures dans la famille (qui peut correspondre à une moins bonne qualité de construction de la trame de l’os), la consommation d’alcool et de tabac ou une « masse grasse » faible.
La protection cardiovasculaire, que confèrent les hormones féminines, disparaît petit à petit pour faire revenir les femmes ménopausées au même niveau de risque que les hommes. L’infarctus du myocarde, dont la présentation est souvent moins typique chez la femme, doit être suspecté à partir de 50 ans devant un essoufflement ou un sentiment d’oppression thoracique.

Faut-il réaliser un bilan au début de la ménopause ?

Le diagnostic de la ménopause est assez évident et ne nécessite pas d’examen particulier.
Néanmoins, devant une suspicion de ménopause précoce ou une aménorrhée secondaire suspecte, il est indispensable de réaliser un dosage des hormones dans le sang. La ménopause se traduit biologiquement par une augmentation de la FSH et une diminution des œstrogènes.
En cas d’antécédents familiaux d’accidents cardiovasculaires ou de fractures, il est vivement conseillé de réaliser une échographie cardiaque, une épreuve d’effort ainsi qu’une densitométrie osseuse.

Ménopause : TRAITEMENT

Qu’est-ce que le traitement hormonal de la ménopause (THM) ?

Le traitement hormonal de la ménopause (ou « traitement hormonal substitutif ») est un médicament contenant des œstrogènes pour pallier à la carence en hormones féminines provoquée par l’insuffisance ovarienne. A ce traitement par œstrogènes, sera associé un traitement par progestatif pour limiter l’effet des œstrogènes sur l’endomètre.
Il n’est pas systématiquement prescrit mais est réservé aux femmes dont la qualité de vie se trouve dégradée à cause des signes cliniques de la ménopause.
Ce traitement peut se prendre sous différentes formes en patch, en gel ou en comprimés.
Il existe plusieurs types de schémas thérapeutiques, avec ou sans la réapparition de pseudo-cycles se terminant par des saignements mimant des règles. De même, si les estrogènes sont souvent « naturels », il existe différents types de progestatifs « naturels » ou « de synthèse », qui sont plus ou moins puissants.

Faut-il prendre un traitement hormonal de la ménopause ?

Lors de la ménopause, le traitement hormonal de la ménopause n’est donné que sous certaines conditions et toutes les femmes ne peuvent ou ne doivent pas en bénéficier.
Tout d’abord, il existe 3 grandes contre-indications à la prise d’un traitement hormonal de la ménopause : la présence d’un cancer du sein ou de l’utérus connu ou suspecté, des antécédents ou maladies thromboemboliques (phlébite, embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral), et la présence d’un saignement vaginal inconnu ou d’une maladie du foie.
Ensuite, il est nécessaire de souffrir un syndrome climatérique (bouffées de chaleur, dépression…) qui gêne la qualité de vie ou d’avoir un risque accru d’ostéoporose non suffisamment améliorée par des règles hygiéno-diététiques. Un fois ces conditions réunies, en accord avec le médecin généraliste ou le gynécologue, le traitement le plus adapté sera choisi à la posologie adéquate.
Le traitement hormonal substitutif n’est plus aussi prescrit qu’auparavant et surtout plus aussi longtemps qu’avant la fameuse étude WHI : même si cette étude américaine avait été réalisée avec des progestatifs différents de ceux qui sont utilisés en France, elle avait bien montré que le risque de cancer du sein était augmenté de façon trop importante après 5 ans de traitement, alors que le bénéfice cardiovasculaire n’était pas évident. En revanche, le bénéfice sur la protection des fractures de fragilité a été à nouveau confirmé, mais il dépend de la dose quotidienne d’œstrogènes, variable pour chaque femme.

Quels sont les schémas thérapeutiques ?

Il existe deux grandes façons de prendre le traitement hormonal de la ménopause, soit la méthode avec règles, soit la méthode sans règles.
• La méthode avec règles consiste à prendre les œstrogènes, soit en continu, soit sur une période de 21 à 28 jours, et d’ajouter le progestatif en fin de mois pendant 12 à 14 jours. Les règles surviennent après la fin de la prise du progestatif.
• La méthode sans règles consiste à prendre simultanément les deux hormones, œstrogènes et progestatifs, durant 25 jours sans interruption. Les progestatifs n’étant pas interrompus, il n’y aura pas de phénomène de règles.

Quels sont les avantages et inconvénients du traitement hormonal de la ménopause ?

Les avantages du traitement hormonal de la ménopause sont multiples notamment sur les signes du syndrome climatérique. Son action est prouvée sur les bouffées de chaleur, les sudations nocturnes, et la sécheresse vaginale. De même, le risque d’ostéoporose est diminué par la préservation du capital osseux par l’intermédiaire des œstrogènes.
Pour l’instant, il n’est pas prouvé scientifiquement que le traitement hormonal de la ménopause réduit le risque cardiovasculaire, tout comme son effet supposé bénéfique sur la prévention de la maladie d’Alzheimer.
Néanmoins, il faut garder à l’esprit que le traitement hormonal de la ménopause peut être à l’origine d’inconvénients comme chaque traitement médicamenteux.
Des risques mineurs sont répertoriés comme des seins douloureux, une prise de poids et des ballonnements.
Deux inconvénients majeurs doivent être surveillés : l’augmentation du risque de cancer du sein et l’augmentation du risque d’événements thromboemboliques.
Concernant le cancer du sein, la prise d’un traitement hormonal de la ménopause pendant plus de 5 ans augmente légèrement le risque mais celui-ci varie en fonction du type de molécules prescrites. Il est également proportionnel à la durée d’imprégnation hormonale au cours de la vie et, en cas de ménopause précoce, le risque est donc moins élevé. Il est donc important de réaliser systématiquement une mammographie tous les deux ans.
Concernant le risque thromboembolique, certaines études montrent que le risque d’accident vasculaire cérébral est augmenté de 30 % mais uniquement avec certains progestatifs de synthèses pris par voie orale. Même chose pour les phlébites avec un risque multiplié par 2. Néanmoins, dans les faits, les niveaux de risques sont moins élevés lorsque ce sont des traitements hormonaux de la ménopause par voie cutanée en gel. Enfin, ces différents risques encourus disparaissent immédiatement après l’arrêt du traitement.

Quelles sont les alternatives au traitement hormonal de la ménopause ?

Il existe des alternatives naturelles aux traitements hormonaux dont l’efficacité n’a pas encore été prouvée scientifiquement.
Parmi les méthodes de médecine alternative, on trouve l’acupuncture, l’homéopathie, mais celle qui prend le plus d’ampleur est la phytothérapie. La phytothérapie est la médecine fondée sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels. Que ce soit en poudre, infusion, ou en graines, certaines plantes auraient des effets sur les signes désagréables de la ménopause. La sauge ou le houblon en tisane peuvent lutter contre les bouffées de chaleur, tout comme le trèfle rouge ou les graines de soja, riches en œstrogènes naturels. Romarin et ginseng pour les moments de fatigue, et soja et prêle pour l’apport de calcium et de silice.

Ménopause : VIVRE AVEC

Quelles sont les mesures hygiéno-diététiques à prendre ?

Afin de limiter les signes désagréables de la ménopause, quelques mesures hygiéno-diététiques sont à suivre.
Au niveau de l’alimentation, il faut privilégier une aliment riche en calcium (produits laitiers, eaux de boisson..) pour lutter contre la déminéralisation des os et il a été proposé de réduire les boissons trop chaudes et la nourriture épicée déclencheurs de bouffées de chaleur. Il faut limiter la consommation d’alcool et d’aliments riches en sucre et gras pour réduire la prise de poids et il faut augmenter l’activité physique.
La toilette intime doit se faire avec des produits adaptés hydratants à pH neutre et non irritants. Il ne faut pas hésiter à compenser la sécheresse vaginale par différents produits.
Il est préférable de d’éviter de porter des vêtements trop serrés et de privilégier des matières comme le coton et la soie.

La sexualité va-t-elle être modifiée ?

Il n’est pas rare lors de la ménopause de voir sa libido diminuer. C’est tout à fait normal mais c’est un obstacle dans le couple qu’il est possible de surmonter.
Le responsable en est la baisse des hormones féminines, qui s’accompagne chez certaines femmes d’une baisse d’estime de soi, d’un sentiment de mal-être et de ne plus être désirable. S’entretenir avec un psychologue de couple ou un sexologue peut être une bonne solution pour reprendre confiance en soi et en son couple.
Au niveau physiologique, la sécheresse vaginale constitue également un frein aux rapports sexuels, à cause des douleurs qui peuvent être ressenties lors de la pénétration (« dyspareunie »). D’où l’importance d’assurer une bonne hydratation lors de la toilette intime et d’ajouter à cela des lubrifiants.

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JDF