Les  résultats d'essais randomisés montrent qu’il serait peut-être temps d'établir l'intérêt de la FeNO dans la gestion de l'asthme, mais à condition de d’assurer préalablement des bons critères d’inclusion pour que cela soit exploitable. En effet, les seuils de FeNO ne sont pas applicables de la même manière à tous les individus. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

Une étude et son éditorial, parus en décembre 2022 dans l’European Respiratory Journal, ont cherché à évaluer et à discuter l’effet de la mesure de la Fe NO , comme marqueur non invasif, dans la gestion de l’asthme de la femme enceinte.  Il s’agit d’une étude randomisée multicentrique, ayant incus des patients issues de six hôpitaux australiens. Les auteurs ont comparé les données de l’interrogatoire, de l’examen clinique et de la mesure des EFR aux taux de FeNO pour détecter l’inflammation bronchique des femmes enceintes asthmatiques.

Le seuils applicables de FeNO sont individuels

Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue à l’hôpital Cochin, à Paris, rappelle que plusieurs études ont déjà été réalisées dans le but de savoir si la mesure du FeNO est plus efficace que l’examen clinique pour détecter l’inflammation bronchique et l’asthme chez la femme enceinte. Les résultats ont ici montré qu’il n’existait pas de différence significative entre la mesure de la FENO et la méthode classique, même si les femmes enceintes suivies par la mesure du FeNO ont eu plus d’exacerbations. Une fois ces résultats mis à l’épreuve , aucune différence significative n’est apparue. Anh-Tuan DINH XUAN explique que la mesure de la FeNO présente des intérêts par rapport aux techniques des EFR : elle est facile à réaliser, reproductible  et non invasive. Cependant, il souligne que pour les techniques d’EFR, les normes sont établies alors que le NO n’étant pas un volume respiratoire mais une molécule chimique, on en peut pas appliquer l’adage : même taille, même âge = même volume. La synthèse du NO est issue d’une régulation complexe qui varie d’un individu à l’autre et on ne peut pas appliquer le même seuil pour tout le monde.

Des biais liés aux critères d’inclusion

Anh-Tuan DINH XUAN précise que la mesure du FeNO est fiable chez les sujets asthmatique ayan tune inflammation de type 2 et que même si ces sujets représentent la majorité des cas, ils ne le sont pas tous. Il est donc nécessaire de s’en assurer avant l’inclusion dans l’étude. D’autre part, le FeNO marque l’inflammation liée à l’atopie et Anh-Tuan DINH XUAN souligne que les auteurs de cette étude n’ont pas recherché l’atopie chez les femmes enceintes incluses. En effet, comme il existe des atopies sans asthme, si des femmes enceintes atopiques ont été incluses dans le bras contrôle, les résultats sont faussés. Les biais de ce type montrent que la mesure du FeNO est utile à l’échelle individuelle mais à large échelle, son utilité doit être assurée par des critères d’inclusion précis. Anh-Tuan DINH XUAN relève que dans les études réalisées sur le sujet, cela n’a jamais été le cas, ce qui expliquerait que certaines études aboutissent à  des résultats positifs et d’autres des résultats négatifs. La FeNO ne représente ici que l’un des deux biomarqueurs  de l’inflammation, l’autre étant le taux d’éosinophilie. Anh-Tuan DINH XUAN préconise donc l’utilisation conjointe de ces deux biomarqueurs, ce qui augmentera la sensibilité et la spécificité. Il faut s’assurer qu’on est en présence d’un asthme « NO sensible » avant l’inclusion dans une étude, avec  une valeur de FeNO élevée avant l’inclusion et une mesure de l’éosinophilie. Sans ces paramètres, la meure de la  FeNo est inutile.

En conclusion, le mesure de la FENO dans la gestion de l’asthme a un intérêt chez les asthmatiques avec inflammation de type 2, à condition que ceux-ci étaient été diagnostiqués ainsi antérieurement. L’utilisation conjointe de l’éosinophilie rend les résultats plus fiables. De nouvelles études doivent être réalisées avec des critères d’inclusion tenant compte de ces paramètres.