Pneumologie

Hémoptysie : l’acide tranexamique par voie nébulisée très prometteur

Le traitement des hémoptysies par acide tranexamique par voix nébulisée semble plus efficace que la voie intraveineuse. Des résultats intéressants pour un traitement simple qui agit rapidement. Toutefois, des travaux sont nécessaires pour l’évaluer en cas d’hémoptysies sévères. D’après un entretien avec Benjamin PLANQUETTE.

  • 12 Jan 2023
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    Une étude dont les résultats sont parus en novembre 2022 dans Chest, a cherché à évaluer l’efficacité de l’acide tranexamique par voie nébulisée dans la prise en charge des hémoptysies, par rapport à la voie intra-veineuse. Pour cela, les auteurs ont réalisé un essai monocentrique randomisé en comparant l’effet de l’acide tranexamique nébulisé à la même dose d’acide tranexamique administré par voie intraveineuse chez des patients se présentant aux urgences pour une hémoptysie. Le critère principal de jugement était l’arrêt du saignement à 30 minutes après administration. Les autres critères étaient la quantité d’hémoptysie à 6heures, 12 heures et 24 heures, la procédure interventionnelle et les effets secondaires de l’acide tranexamique. Au total, deux groupes de 55 patients chacun ont été évalués.

     

    La voie inhalée est très pertinente

    Le professeur Benjamin PLANQUETTE, pneumologue dans le service de pneumologie, soins intensifs et endoscopies bronchiques de l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, à Paris explique son intérêt pour le sujet puisqu’il travaille sur une étude à trois bras, qui est actuellement en cours. Il souligne le point fort de l’étude parue dans Chest est qu’elle représente l’une des rares études randomisées sur l’hémoptysie et qui, de surcroit, s’intéresse à un traitement médical facilement accessible. Il précise que des essais sur les voies orales ou intra-veineuses ont été réalisés mais qu’ils sont de moins bonne qualité. Pour lui, la question est très pertinente car la voie inhalée est bien généralisable. Les résultats sont très intéressants car les auteurs ont démontré que l’hémoptysie se trait dans 100% des cas, avec un délai d’efficacité rapide puisqu’il est inférieur à 48 heures.  Au-delà de 48 heures, l’efficacité rejoint celle des autres voies d’administration. Benjamin PLANQUETTE précise que cette technique est largement utilisée car elle est facile, fonctionne rapidement et deux fois mieux que le placebo !

     

    Néanmoins quelques biais dans cette étude

    Benjamin PLANQUETTE regrette cependant que cette étude aient deux limites principales, liées à la population incluse. La première imite est son faible effectif, lié à son caractère monocentrique. Même si l’effet est colossal, le faible nombre de patients fait douter de la reproductibilité. Le second biais est lié au volume de l’hémoptysie. En effet, Benjamin PLANQUETTE s’interroge sur l’effet de l’acide tranexamique par voie nébulisée chez les patients qui crachent plus de 50cc, même en cumul sur 12 à 24heures, le volume expectoré étant très « médecin dépendant ». D’autre part, la question des patients sous anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires se pose également et représente un biais pour cette étude, la correction des troubles de l’hémostase étant le seul levier d’action pour prendre en charge ces patients. Benjamin PLANQUETTE rappelle que la correction des troubles de l’hémostase, par interruption du traitement anticoagulant, stoppe au moins un tiers des hémoptysies, même si c’est un peu différent avec les antiagrégants dont la durée d’action est plus longue. Au cours de ce travail, les auteurs ont exclus les patients sous anticoagulants et antiagrégants plaquettaires.

     

    En conclusion, l’utilisation de l’acide tranexamique par voie nébulisée est une véritable option à utiliser pour son innocuité et sa rapidité d’action mais de nouveaux travaux doivent être réalisé pour évaluer cette technique chez les patients ayant une hémoptysie sévère.

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    JDF