Hématologie

Hémophilie B : une nouvelle thérapie génique efficace sur le long terme

Dans un suivi de près de 28 mois, une seule injection d’une nouvelle thérapie génique permet à des hémophiles B de fabriquer un niveau suffisant de facteur IX sur le long terme.

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  • 21 Jul 2022
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    Une injection d’une nouvelle thérapie génique, basée sur l’utilisation de la membrane d’un adénovirus pour introduire le gène du facteur IX dans les cellules du foie, pourrait réduire durablement le risque de saignement chez les personnes atteintes d'hémophilie B. C’est ce qui ressort d’une petite étude de phase I/II, publiée dans le New England Journal of Medicine.

    L'essai B-AMAZE, multicentrique de phase I/II, et l'étude de suivi à long terme qui y est associée, révèlent qu'un traitement par injection unique de FLT180a entraînerait une production soutenue du facteur IX par le foie chez neuf patients sur dix, à quatre niveaux de dose différents, supprimant ainsi la nécessité d'un traitement de substitution régulier.

    Cet essai n'est que le dernier en date d'une série de percées récentes dans le traitement de l'hémophilie A et B.

    Une nouvelle thérapie génique

    Le nouveau candidat de thérapie génique par introduction du gène du facteur IX en utilisant l’enveloppe externe d’un adénovirus, appelé FLT180a, a été évalué dans des cas sévères et modérément sévères d'hémophilie B.

    Sur les 17 patients masculins âgés de 18 ans ou plus qui ont fait l'objet d'un dépistage, dix répondaient à ces critères et ont participé à l'essai initial de 26 semaines du FLT180a. Puis, ils ont tous été inscrits dans l'étude de suivi à long terme, visant à évaluer la sécurité et la durabilité de l'expression du facteur IX pendant 15 ans. En effet, actuellement, on ne connaît pas la durée d’efficacité de ce type de thérapie génique : les études suggèrent que ce serait une décennie, mais personne n’en est sûr avant vérification dans une étude.

    Les patients ont cependant dû prendre des immunosuppresseurs (corticoïdes et tacrolimus) pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, afin d'empêcher leur système immunitaire de rejeter la thérapie génique basée sur l’adénovirus, et tous ont signalé des effets secondaires déjà connus de ces traitements.

    Une technique d’emballage

    Cette thérapie génique fonctionne en emballant une copie fonctionnelle du gène du facteur IX dans une enveloppe extérieure d’adénovirus, afin de délivrer directement ce gène dans les tissus du patient, en remplacement du gène non-fonctionnel. Les protéines de facteur IX nouvellement synthétisées sont libérées ensuite dans le sang.

    Bien que le traitement ait été généralement bien toléré, tous les patients ont connu une certaine forme d'effets indésirables, avec même une thrombose chez l'un des malades, celui qui avait reçu la plus forte dose de FLT180a et présentait les niveaux les plus élevés de facteur IX.

    Une maladie rare

    L'hémophilie B est un trouble génétique rare et héréditaire de la coagulation, causé par de faibles niveaux de la protéine du facteur IX, nécessaire à la coagulation sanguine. Le gène responsable de la fabrication du facteur IX est situé sur le chromosome X, de sorte que la forme grave de l'hémophilie B est beaucoup plus fréquente chez les hommes.

    Actuellement, les patients atteints d'hémophilie B doivent s'injecter régulièrement (en général une fois par semaine) du facteur IX recombinant, c'est-à-dire un traitement de substitution régulier pour prévenir les saignements excessifs. Malgré les progrès réalisés dans le traitement substitutif, les patients ont toujours des complications sur le long terme, dont des lésions articulaires invalidantes.

    Vers la guérison définitive ?

    Les données à long terme de l'étude B-AMAZE viennent s'ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses que la thérapie génique a le potentiel de libérer les patients de l'obligation d’un traitement substitutif à vie et pourrait fournir un traitement définitif ou prolongé.

    Selon l'équipe médicale, la majorité des adultes atteints d'hémophilie pourrait être guéris dans les trois prochaines années, ce qui les amènerait à réfléchir d’emblée sur une reconversion professionnelle.

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    JDF