Neurologie

AVC à la phase chronique : 1ères recommandations de la HAS sur la rééducation

La Haute Autorité de Santé vient de publier les premières recommandations de bonnes pratiques sur la rééducation à la phase chronique d'un AVC pour améliorer la récupération. Elle a passé en revue toutes les méthodes de rééducation des fonctions cognitives et motrices pour indiquer si elles sont recommandées... ou non.

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  • 09 Jul 2022
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    En France 500 000 personnes vivent avec des séquelles induites par un accident vasculaire cérébral (AVC). « Ses séquelles ont longtemps été considérées comme irréversibles. Pourtant la rééducation des fonctions motrices et cognitives poursuivie sur long terme peut améliorer la qualité de vie des patients » souligne la Haute Autorité de Santé pour introduire les premières recommandations de bonnes pratiques sur la rééducation à la phase chronique d'un AVC. Elles concernent donc la prise en charge au-delà des 6 mois après la survenue de l'accident.

    La HAS passe en revue de manière exhaustive les méthodes de rééducation des fonctions motrices et cognitives pour indiquer si elles sont ou non recommandées en phase chronique et en préciser les modalités pratiques. Fait intéressant, la réalité virtuelle prend place officiellement dans cette prise en charge mais d'autres pratiques alternatives comme la rééducation assistée par robotique ou l'acupuncture ne font pas partie des élues. 

    Quelles pratiques sont recommandées pour rééduquer la fonction motrice ?

    A la suite d'un AVC, l'altération de la fonction motrice est très fréquente et peut fortement altérer le quotidien du patient. La HAS rappelle que la rééducation motrice des membres supérieurs et inférieurs doit donc faire l’objet d'une rééducation suivie et adaptée au profil spécifique du patient. Cette rééducation inclut aussi des programmes d'activité physique notamment exercices physiques et de la marche que la HAS recommande maintenant officiellement (grade A).

    Cela doit être effectué par un rééducateur dans le cadre d'une prise en charge médicalisée en suivant des programmes d’entraînement « pour améliorer la condition physique en particulier corriger ou prévenir le déconditionnement cardio-respiratoire et améliorer la force et l'endurance musculaire » précisent les recommandations.

    Plus innovant, la réalité virtuelle est recommandée en association à d'autres méthodes pour une efficacité optimale (grade B) tout comme l'imagerie motrice mentale, (grade C) qui consiste à évoquer et répéter mentalement une expérience motrice déjà vécue. Par contre, d'autres techniques comme la rééducation assistée par robotique ou la balnéothérapie « ne peuvent actuellement pas faire l'objet de recommandations, faute de données disponibles pour en étayer scientifiquement les bénéfices » peut-on lire.

    Et pour la fonction cognitive ?

    Les séquelles peuvent aussi toucher les fonctions cognitives. Les troubles peuvent concerner notamment les fonctions attentionnelles, mnésiques, exécutives ou langagières.

    L'objectif de la rééducation est alors d'améliorer la qualité de vie en diminuant leur impact au quotidien. La HAS recommande, en cas de troubles de la mémoire, en complément des mesures de compensation (agendas, aides humaines etc..) la pratique d'une activité physique dite « aérobie » (grade B). Il s'agit d'une activité peu intense mais maintenue pour « améliorer la vitesse de traitement des informations » précise les recommandations.

    Pour la prise en charge de l'aphasie et autres troubles de la communication, la méthode de stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la rééducation informatisée du langage accompagnée du thérapeute sont aussi recommandées (grade A). Dans ce domaine, la HAS recommande aussi l'éducation thérapeutique et l’entraînement de l'aidant aux stratégies de communication (grade A) et insiste sur l'utilité d'une rééducation à forte intensité, à forte dose et sur une longue durée (grade A).

    Comme pour la rééducation de la fonction motrice, la réalité virtuelle trouve sa place aussi pour rééduquer les fonctions cognitives puisqu'elle est recommandée « en complément de la rééducation cognitive classique même si état actuel des connaissances ne permet pas de dire que la rééducation cognitive en réalité virtuelle est supérieure à la rééducation cognitive classique ». Par contre, la musicothérapie et l'acupuncture ne sont pas recommandées « en l'état actuel des connaissances scientifiques ». 

    La HAS précise qu'en raison d'une littérature scientifique « parfois limitée parfois inexistante », les travaux devront être complétés et adaptés selon les nouvelles données disponibles.

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    JDF