Gynéco-obstétrique

Mammographie 3D : un bénéfice chez les femmes à haut risque et seins denses

La mammographie 3D a été développée pour pallier les défauts de la mammographie traditionnelles chez les femmes à seins denses. Dans cette étude, elle améliore le dépistage des cancers d’intervalle dans la population des femmes à seins très denses et à risque élevé, soit 4% des examens.

  • Kalinovskiy/istock
  • 16 Jun 2022
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    La mammographie 3D ou tomographie mammaire numérique (Digital breast tomosynthesis ou DBT), est une technique mammographique récente visant à améliorer le dépistage du cancer du sein et compenser les limites de la mammographie numérique traditionnelle, en particulier chez les femmes dont le tissu mammaire est dense.

    Cependant, les données à long terme de mortalité avec le dépistage par la mammographie 3D ne sont pas encore disponibles étant donné les longs délais de suivi requis. Mais, étant donné que les cancers d'intervalle sont des tumeurs malignes plus agressives et que leur risque de mortalité est 3 fois plus élevé que celui des cancers détectés par dépistage, les cancers d'intervalle ont été utilisés comme un surrogate marqueur pour évaluer le bénéfice de la mammographie 3D par rapport à la mammographie numérique, les résultats étant rapportés en fonction de la densité mammaire et du risque de cancer du sein.

    Réduction des faux positifs et des biopsies

    Dans une étude publiée dans le JAMA, on observe une amélioration statistiquement significative des taux de cancer avancé du sein, mais uniquement dans une proportion relativement faible d'examens (≈4 %), c’est-à-dire chez des femmes ayant des seins extrêmement denses et un risque de cancer du sein élevé. Une tendance similaire mais non statistiquement significative est observée chez les femmes appartenant à d'autres catégories de densité mammaire.

    Des diminutions notables des rappels de faux positifs, du suivi à court terme et des recommandations de biopsie sont également observées avec mammographie 3D chez les femmes avec différentes densités mammaires.

    Seins très denses et haut risque

    Au cours des 12 mois de suivi, 0,57 cancer d'intervalle invasif pour 1000 examens par mammographie 3D et 0,61 pour 1000 examens par mammographie numérique ont été relevés. Il n'y a pas de différences dans les incidences de cancers d'intervalle en fonction de la densité mammaire ou du risque de cancer du sein à 5 ans (BCSC). Les taux de cancer avancé ne sont pas significativement différents pour les femmes ayant des seins entièrement graisseux, fibroglandulaires épars ou de densité hétérogène, indépendamment du risque à 5 ans du BCSC.

    Cependant, pour les femmes avec des seins extrêmement denses et un risque BCSC élevé, les taux de cancer avancé sont significativement plus faibles avec la mammographie 3D (0,27 mammographie 3D contre 0,80 mammographie numérique pour 1000 examens ; différence, -0,53 [IC à 95 %, -0,97 à -0,10]) mais pas pour les femmes ayant des seins extrêmement denses et un risque faible ou moyen (0,54 mammographie 3D contre 0,42 mammographie numérique ; différence, 0,12 [IC à 95 %, -0,09 à 0,32]).

    Une très large étude sur 1 ans

    La population étudiée comprenait 504 427 femmes âgées de 40 à 79 ans qui ont eu 1 003 900 mammographies numériques de dépistage et 375 189 mammographies 3D de dépistage dans 44 établissements d'imagerie américains de 2011 à 2018, avec un suivi du cancer jusqu'en 2019.

    À chaque examen mammographique, les radiologues ont classé la densité du sein en utilisant les catégories de densité du système de rapports et de données d'imagerie mammaire (BI-RADS), dont 24 361 mammographies 3D et 70 519 mammographies numériques sur des seins extrêmement dense. Un risque élevé de cancer estimé  a été défini comme un risque à 5 ans BCSC ≥1,67%.

    En pratique

    Cette étude démontre que la mammographie 3D est associée à une diminution des résultats faussement positifs, bien que l'association avec une réduction de la mortalité par cancer du sein soit incertaine. Les auteurs ont évalué l'association entre la mammographie 3D et les taux de cancer d'intervalle (comme surrogate marqueur de la mortalité) et leurs résultats suggèrent un avantage dans le sous-groupe de femmes ayant un risque élevé de cancer du sein et des seins denses.

    Cependant, pour les femmes à haut risque mais sans seins denses ou pour les femmes à faible risque mais aux seins denses, la taille restreinte de l'échantillon de cette étude ne permet pas de tirer des conclusions définitives quant à l'association de la mammographie 3D à une diminution des taux de cancer d’intervalles.

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    JDF